Le tribunal de Conakry a requalifié, mercredi, les faits en crimes contre l'humanité dans le procès historique du massacre du 28 septembre 2009 en Guinée. Le capitaine Camara, qui dirigeait la junte à cette époque, et ses co-accusés répondaient d'une litanie de crimes d'assassinats, violences sexuelles, actes de torture, enlèvements et séquestrations.
Le procès a été diffusé quotidiennement à la télévision et sur YouTube. Mercredi 31 juillet, la justice en Guinée a décidé de requalifier en crimes contre l'humanité les faits survenus le 28 septembre 2009 dans le stade de Conakry, où une centaine de personnes ont été tuées dans la répression d'un rassemblement de l'opposition.
"De ce qui précède, les faits de la saisine correspondent au mieux aux infractions de crimes contre l'humanité. (...) Il convient dès lors de restituer aux faits leur véritable qualification en les requalifiant désormais de crimes contre l'humanité", a déclaré Ibrahima Sory II Tounkara, président du tribunal.
L'audience a commencé en début d'après-midi au tribunal de Conakry, où les forces de l'ordre ont été déployées massivement. Elle se déroule en présence de dix des onze accusés, dont Moussa Dadis Camara, qui dirigeait la junte à cette époque, vêtu d'un boubou vert et blanc.
Le douzième, Claude Pivi, ministre de la Sécurité présidentielle en 2009, est toujours en fuite depuis qu'il a quitté son centre de détention en novembre 2023.
Ils répondent d'une litanie de crimes d'assassinats, violences sexuelles, actes de torture, enlèvements et séquestrations.
Ce jour de septembre 2009, au moins 156 personnes ont été tuées, par balle, au couteau, à la machette ou à la baïonnette, et des centaines blessées dans la répression d'un rassemblement de l'opposition dans un stade de Conakry et ses environs, selon le rapport d'une commission d'enquête internationale mandatée par l'ONU. Au moins 109 femmes ont été violées.
Les exactions ont continué plusieurs jours contre des femmes séquestrées et des détenus torturés dans ce qui est considéré comme l'un des épisodes les plus sombres de l'histoire contemporaine de la Guinée.
Et les chiffres réels sont probablement plus élevés.
"Ce procès est d'une importance capitale pour moi. Je souhaite que ces militaires paient le prix fort avec des condamnations à la hauteur de leur forfaiture", déclare à l'AFP Kadiatou Sow, qui dit avoir été violée dans le stade et les jours qui ont suivi, et avoir perdu son époux, dont le corps n'a jamais été retrouvé.
Après la lecture du verdict, les accusés et les parties civiles ont le droit de faire appel dans un délai de 15 jours. Le parquet a deux mois pour faire appel.
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Avec AFP