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Accepter Gérer mes choixSous le ciel gris et entre deux averses, Hasparren, une commune d’à peine 10 000 habitants, se niche dans les collines vertes du Pays basque dit “intérieur”. Le temps capricieux a forcé Jon (prononcé “Yon”) Saint-Paul, professeur de sport de 26 ans, à préférer le trinquet (un court couvert) au fronton extérieur pour s’entraîner à la pelote.
“Il ne nous faut pas grand-chose pour jouer : un mur, une pelote, des joueurs, c’est à la portée de tout le monde,” explique le jeune pelotari avec son accent basque. D’abord attiré par le rugby, il s'est tourné “pour de bon” vers la pelote dès ses dix ans afin de suivre l’exemple de son père, un ancien joueur professionnel.
“Chacun joue avec ses atouts”
Pratiquée sur le continent américain, au Mexique ou en Argentine par exemple, la pelote est une véritable religion côté Pays basque espagnol où des ligues professionnelles jouent des matches diffusés chaque semaine à la télévision. En France, elle reste un sport largement méconnu en dehors du Sud-Ouest.
Les règles de ce sport de balle sont simples : frapper la pelote (la balle) contre le mur de sorte que l’adversaire ne parvienne pas à la rattraper. Une partie se joue en 40 points, soit à main nue, soit avec une chistera (panier en osier fixé à la main du joueur) ou avec une pala (raquette).
“Chacun joue avec ses atouts, explique Jon. Il y a les joueurs précis, qui ont le touché, un peu comme au tennis, et puis il y en a d’autres qui sont plus puissants. Moi, mon atout, c'est la précision et le cardio, mais j’essaie de m’améliorer en puissance.”
Jon s'entraine quasi quotidiennement et fait partie de l'élite semi-pro, qui joue à mains nues. Peu de joueurs atteignent ce niveau, “c’est presque un métier,”, explique-t-il. En France, la fédération compte 270 clubs et la pratique rassemble 22 000 joueurs, amateurs et semi-professionnels, dont plus de 2 000 joueuses et 221 sportifs de haut niveau.
“Son nom de famille, c’est basque”
Au-delà de la compétition et des prouesses sportives, la pelote est un pilier de la culture et de l'identité basque. En été, tournois et matches amicaux réunissent toutes les générations et rythment la vie locale.
“Son prénom, c’est Pelote, et son nom de famille c’est Basque,” aime à dire Ander Ugarte, fabricant de pelotes dans son atelier “Punpa” à Saint-Jean-de-Luz, entre les Pyrénées et l’océan Atlantique. Fournisseur principal des professionnels espagnols, Ander garde jalousement les secrets de fabrication de ses pelotes, un savoir-faire ancestral qui s’est transmis de génération en génération.
"On peut remonter jusqu’au Moyen Âge, si l’on s’intéresse aux origines de la pelote, et à son ancêtre, le jeu de paume qui se jouait dans toute l’Europe”, explique l’artisan.
À la fois discipline sportive et marqueur culturel, la pelote est une véritable institution dans le sud-ouest de l’Hexagone. Pourtant, on n’entendra pas la “clasqua”, ce bruit singulier du claquement de la pelote contre le fronton – “l’âme” de la pelote, selon Ander Ugarte – lors des Jeux de Paris cet été.
La seule épreuve officielle de pelote basque aux JO s’est déroulée il y a plus d’un siècle à Paris. L’Espagne s’était alors imposée face à la France. Depuis, le sport a été présenté trois fois en démonstration, en 1924, 1968 et 1992, sans pour autant réussir à s’installer dans le paysage des disciplines olympiques.