De par son âge et son passé judiciaire, la candidature de l'ancien président péruvien Alberto Fujimori a de quoi surprendre. Âgé de 85 ans, il sera candidat à un troisième mandat en 2026, a annoncé dimanche 14 juillet sa fille Keiko Fujimori, dirigeante du principal parti de droite du pays.

"Mon père et moi avons discuté et décidé ensemble qu'il serait candidat à la présidence", a écrit Keiko Fujimori sur les réseaux sociaux, en publiant une vidéo de son père.

Alberto Fujimori, d'origine japonaise, a dirigé le Pérou d'une main de fer entre 1990 et 2000. Il a été condamné à 25 ans de prison pour crimes contre l'humanité, notamment pour deux massacres de civils commis par un escadron de l'armée dans le cadre de la lutte contre la guérilla maoïste du Sentier lumineux au début des années 1990.

Après avoir purgé 16 ans de prison, il a été libéré en décembre sur ordre de la Cour constitutionnelle "pour raisons humanitaires", malgré l'opposition de la justice interaméricaine.

Des obstacles juridiques pourraient cependant rendre sa candidature irrecevable, notamment une dette de quelque 15,5 millions de dollars, pour des dommages dans trois affaires dans lesquelles il a été condamné par la justice.

Keiko Fujimori a déclaré ne pas vouloir "entrer dans le débat sur les questions juridiques". "Je laisse ce débat aux avocats et j'imagine que cette possibilité sera clarifiée plus tard", a-t-elle dit à la radio RPP.

Des ennuis de santé

L'ancien président a été hospitalisé à plusieurs reprises ces dernières années. En mai dernier, celui qui est surnommé "El Chino" a annoncé qu'on lui avait diagnostiqué une tumeur maligne à la langue, où il souffre d'une lésion cancéreuse depuis plus de 27 ans.

En 2018, Alberto Fujimori avait rendu public un diagnostic de tumeur aux poumons. Il y a quelques semaines, il s'est également blessé à la hanche.

"Il y a plusieurs tests que mon père va devoir passer, sans aucun doute le plus important est sa santé", a ajouté la fille de l'ancien président. "Lorsque nous parlons de politique, je vois sa volonté de vivre et je suis convaincue qu'il se rétablira. Il sera un excellent candidat, un grand président."

Keiko Fujimori, elle-même candidate malheureuse à la présidentielle à trois reprises, est poursuivie pour blanchiment dans le cadre du scandale Odebrecht. Le parquet a requis 30 ans de prison contre la femme politique, l'accusant d'avoir perçu 1,2 million de dollars de l'entreprise de BTP brésilienne qui a mis en place un système de corruption dans toute l'Amérique latine en échange de contrats publics.

Avec AFP