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L’armée israélienne mène depuis quatre jours une opération dans le complexe hospitalier Al-Chifa, dans la bande de Gaza, où elle a annoncé, jeudi, avoir déjà tué "plus de 140" combattants palestiniens.

Le plus grand hôpital de la bande de Gaza, Al-Chifa, à nouveau visé par une opération d'envergure. L'incursion de l'armée israélienne dans le complexe hospitalier Al-Chifa est entrée, jeudi 21 mars, dans son quatrième jour. 

Voici ce que l'on sait sur les combats entre soldats israéliens et combattants palestiniens dans ce complexe, au sixième mois de la guerre entre Israël et le Hamas déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien le 7 octobre. 

  • Un lancement d’opération lundi avant l'aube

Lundi, vers 1 h GMT (3 h locales), l'armée annonce le lancement d'une "opération ciblée" sur le complexe hospitalier Al-Chifa dans le quartier Al-Rimal à Gaza-Ville (nord), sur la base "d'informations indiquant qu'il est utilisé par des terroristes haut-gradés du Hamas". 

Des témoins confirment à l'AFP des frappes aériennes sur Al-Rimal et l'arrivée de plusieurs dizaines de chars et de véhicules militaires israéliens dans la zone. L'armée largue des tracts appelant la population présente dans la zone à l'évacuer.  

Des milliers de personnes ayant fui les combats avaient trouvé refuge dans le complexe hospitalier. Selon des témoignages recueillis par l'AFP, nombre d'entre eux y sont encore. 

L'armée a mené une opération similaire à Al-Chifa en novembre. Elle accuse le Hamas de se servir de cet hôpital comme d'un centre de commandement et a publié des vidéos montrant des armes ou de l'argent liquide saisis, selon elle, sur place. 

  • Des combats meurtriers et d’importantes destructions 

Des combats opposent les soldats israéliens à des combattants palestiniens aux abords et au sein même de l'hôpital, a indiqué l'armée, images à l'appui. Elle a indiqué, jeudi, avoir tué depuis lundi "plus de 140" combattants palestiniens.  

Les autorités du Hamas l'accusent d'avoir tué "des dizaines de personnes déplacées, de patients et de personnel" médical, sans donner de chiffre précis. 

"Aucun civil, médecin ou (membre d'une) équipe médicale n'a été blessé", a assuré, jeudi, le porte-parole de l'armée, le contre-amiral Daniel Hagari.   

Selon des témoins, les combats ont provoqué d'importantes destructions.  

Mariam, une patiente de 42 ans au service de médecine interne qui n'a pas souhaité donner son nom, a indiqué à l'AFP que des frappes nocturnes avaient visé la partie de l'hôpital où elle se trouve. 

"Nous sommes des centaines de femmes, d'enfants et de bébés et nous n'avons ni eau, ni nourriture", a-t-elle dit, ajoutant qu'il leur était impossible de se rendre aux toilettes. 

L'armée a assuré avoir fourni de l'eau et de la nourriture. 

  • Des arrestations et des interrogatoires 

Selon Daniel Hagari, les troupes israéliennes ont "arrêté jusqu'ici plus de 250 terroristes du Hamas et du Jihad Islamique identifiés", et 350 autres personnes, soupçonnées d'être "liées au terrorisme" sont interrogées. 

Mariam a affirmé que les soldats israéliens avaient pris lundi "tous les hommes et les jeunes hommes de plus de 16 ans, même les blessés" et les avaient rassemblés dans la cour de l'hôpital, sans leurs vêtements.  

"Ils les ont frappés avec les fusils et leur ont tiré dessus", a-t-elle dit. 

Younis, patient de 60 ans qui n'a pas voulu donner son nom non plus, a indiqué avoir été lui-même "emmené dehors, sans vêtements" et "les yeux bandés" pour être interrogé avant d'être relâché. 

"Ils ont frappé tous les jeunes hommes et les ont arrêtés", a-t-il dit à l'AFP. 

  • "Mettre la pression sur les négociations"  

Cette opération a été lancée le jour de l'envoi d'une délégation israélienne à Doha pour négocier un accord de trêve et une libération des otages israéliens retenus à Gaza.  

Le chef d'état-major israélien, Herzi Halevi, a estimé, jeudi, que cette opération était "très importante aussi pour mettre la pression sur les négociations".  

Mardi, le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a en revanche accusé Israël d'avoir voulu "saboter" les discussions en lançant cette opération. 

Avec AFP