L'attente aura été longue et la route chaotique pour Stockholm. Le Parlement hongrois s'apprête à approuver lundi 26 février l'accession de la Suède à l'Otan, ultime étape pour le pays nordique désireux de rejoindre l'Alliance atlantique depuis l'invasion russe de l'Ukraine.
Aux tractations avec la Turquie, conclues par un vote positif en janvier, se sont ajoutés les atermoiements du dirigeant nationaliste hongrois Viktor Orban.
Il avait certes donné de longue date son accord de principe mais avant de boucler le processus, il exigeait du "respect" de Stockholm, jugé trop critique envers sa politique.
La situation s'est finalement débloquée ces dernières semaines, la visite vendredi du Premier ministre suédois Ulf Kristersson signant l'épilogue d'un "long processus pour rebâtir la confiance", selon les termes de Viktor Orban.
Pour sceller cette coopération, les deux pays ont annoncé l'achat par Budapest de quatre avions de combat à la Suède venant renforcer sa flotte actuelle de 14 appareils Gripen.
Le vote du Parlement, prévu peu après 16 h 20 (15 h 20 GMT), s'annonce sans surprise étant donné la majorité des deux tiers détenue par la coalition au pouvoir. L'opposition va également voter pour, à l'exception de la formation d'extrême droite Notre patrie.
Une stratégie hongroise ?
Le protocole d'adhésion de la Suède à l'Otan, qui requiert l'unanimité des 31 membres de l'Alliance atlantique, est en suspens depuis mai 2022.
Stockholm avait annoncé sa candidature dans la foulée de l'offensive du Kremlin en Ukraine, en même temps que la Finlande, qui a elle fait son entrée en avril 2023. Les deux pays voisins ont ainsi rompu avec des décennies de neutralité ayant suivi la Seconde Guerre mondiale, puis de non-alignement militaire depuis la fin de la Guerre froide.
Au fil des mois, la Hongrie n'a cessé de retarder l'échéance, invoquant à chaque fois des prétextes différents.
Certains experts y ont vu une stratégie de chantage pour obtenir des concessions de l'UE et le déblocage de milliards d'euros de fonds actuellement gelés, d'autres le signe de la proximité de Viktor Orban avec le président russe Vladimir Poutine et le chef d'État turc Recep Tayyip Erdogan.
Mais pour l'analyste Mate Szalai, le Premier ministre hongrois privilégie avant tout les intérêts nationaux.
"Il est allé aussi loin que possible", s'arrêtant juste à temps "pour ne pas causer de graves problèmes à la communauté transatlantique", dit-il à l'AFP. Tout comme il a bloqué pendant des mois une aide cruciale à l'Ukraine avant de céder début février sous la pression de ses partenaires de l'UE.
En adoptant une telle stratégie, il veut prouver que son petit pays de moins de 10 millions d'habitants compte et "ne doit pas être sous-estimé", estime le chercheur de l'université Ca' Foscari de Venise. Il n'en récolte "pas de résultats tangibles en termes de politique étrangère", mais cette attitude de "confrontation" sur la scène internationale lui sert à "maintenir sa popularité à la maison".
Au risque d'être pris à son propre piège : si la Hongrie avait ratifié l'adhésion finlandaise trois jours avant la Turquie, elle a cette fois été la dernière, malgré ses promesses.
Avec AFP