
Accusée d'incompétence, la Bulgare Roumiana Jeleva retire sa candidature à la Commission européenne - retardant de fait la mise en place du nouvel exécutif européen de José Manuel Barroso, déjà reportée depuis début novembre.
AFP - La candidate controversée de la Bulgarie pour la Commission européenne, mise en cause pour des irrégularités financières et accusée d'incompétence, a renoncé mardi, jetant une ombre sur les débuts de la nouvelle équipe de José Manuel Barroso.
"J'ai appris ce matin la décision de Mme (Roumiana) Jeleva de se retirer de ses fonctions de ministre bulgare des Affaires étrangères et de commissaire désignée" au portefeuille de l'Aide humanitaire, a annoncé à Strasbourg le chef de file de sa famille politique conservatrice au Parlement européen, Joseph Daul.
"Mme Jeleva n'a pas supporté que son honneur et son honnêteté soient remis en cause et moi je la comprends à titre personnel très bien".
L'information a été confirmée à Sofia, qui a publié sa lettre de démission. Elle y estime ne pas pouvoir compter sur "une attitude impartiale et une appréciation objective" à son sujet de la part du Parlement européen.
Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a annoncé le nom de sa remplaçante, l'actuelle vice-présidente de la Banque mondiale, Kristalina Georgieva. Toutefois, son porte-parole a précisé qu'il n'était pas certain qu'elle hérite du même portefeuille de l'aide humanitaire.
"La procédure de nomination de la nouvelle Commission devra maintenant continuer et être conclue dans les meilleurs délais", a dit M. Barroso.
Cette affaire va encore retarder la mise mise en place du nouvel exécutif européen, déjà reportée depuis début novembre en raison des difficultés à faire ratifier le traité de Lisbonne.
Il n'est déjà plus possible que le Parlement européen puisse voter pour la nouvelle Commission le 26 janvier comme cela était prévu. "Ce n'est techniquement pas possible", a relevé M. Daul. Le vote final devrait intervenir lors de la prochaine session prévue dans la première quinzaine de février à Strasbourg.
La démission de Mme Jeleva constitue un sérieux revers pour l'ancien Premier ministre portugais, qui était impatient de pouvoir commencer à travailler avec sa nouvelle équipe.
Et d'autres défections ne semblent désormais pas exclues, car la boîte de Pandore est ouverte. L'affaire Jeleva s'est transformée en une bataille politique entre la droite d'une part, les socialistes et les libéraux du Parlement d'autre part.
Les conservateurs, scandalisés par l'affront fait à leur candidate, ont promis mardi de riposter.
Ils ont mis en cause la chef de la diplomatie européenne, la travailliste britannique Catherine Ashton, également vice-présidente de la Commission, en s'indignant qu'elle ne se soit pas rendue en Haïti après le séisme du 12 janvier.
Ils ont également promis de mener la vie dure au commissaire désigné slovaque, le socialiste Maros Sefcovic, en raison de "propos discriminatoires" tenus en 2005 à l'encontre des Tziganes. M. Daul n'a pas exclu que d'autres candidats commissaires se retirent.
Du côté socialiste, la deuxième force politique du Parlement européen, la démission de Mme Jeleva a été jugée "inévitable et prévisible".
Pressentie pour s'occuper de l'aide humanitaire dans la future équipe de José Manuel Barroso, Mme Jeleva était sur la sellette depuis un examen de passage mouvementé la semaine dernière au Parlement, chargé de confirmer tous les candidats commissaires après audition.
Tous les groupes politiques, à l'exception du PPE, avaient émis des "doutes" sur la capacité de la candidate bulgare à occuper le poste de commissaire à l'aide humanitaire. Elle était aussi mise en cause pour avoir dissimulé des intérêts financiers, ce qu'elle a toujours réfuté.