Pour la troisième fois en un an, Volodymyr Zelensky a fait le déplacement aux États-Unis. Venu à Washington chercher l'assurance d'un soutien renouvelé, le président ukrainien a assuré avoir reçu des signaux "positifs" du Congrès américain, malgré des tractations très poussives sur l'adoption d'une nouvelle enveloppe pour Kiev.
"J'ai reçu des signaux, et ils étaient plus que positifs", a déclaré le président ukrainien, affirmant toutefois attendre des "résultats" concrets sur une enveloppe.
La fenêtre de tir pour que les parlementaires parviennent à adopter ce volet de 61 milliards de dollars d'aide avant la fin de l'année est minuscule.
Le Congrès a engagé plus de 110 milliards de dollars depuis le début de l'invasion russe, mais n'a pas réussi jusqu'ici à s'entendre sur la rallonge demandée par la Maison Blanche, pour tenir au moins jusqu'à la présidentielle de novembre 2024 aux États-Unis.
Poutine "compte" sur le fait que les États-Unis n'aident plus l'Ukraine, prévient Biden
"Le Congrès américain doit adopter une rallonge pour l'Ukraine (...) avant qu'il n'offre à Poutine le plus beau cadeau de Noël qui soit", a alerté Joe Biden lors d'une réunion avec le président ukrainien dans le Bureau ovale.
Vladimir "Poutine compte sur le fait que les Etats-Unis n'arriveront pas à tenir leurs engagements pour l'Ukraine et nous devons, nous devons, nous devons lui prouver qu'il a tort", a martelé le président américain.
"L'Histoire jugera sévèrement ceux qui ont tourné leur dos à la cause de la liberté", a lancé le démocrate de 81 ans depuis la Maison Blanche. "Lorsque les propagandistes de la Russie vous applaudissent, il est peut-être temps de réfléchir à ce que vous faites", a-t-il ajouté à l'intention des conservateurs.
Le président américain n'en a pas moins promis que lui-même ne "tournerait pas le dos" à l'Ukraine, lui qui a orchestré le soutien occidental depuis l'invasion par la Russie en février 2022.
Les troupes ukrainiennes "prouvent tous les jours que l'Ukraine peut gagner" contre la Russie, a affirmé Volodymyr Zelensky durant cette entrevue, balayant d'un revers de main les doutes exprimés par certains après une contre-offensive décevante de son armée cet été.
L'aide, un "signal très fort d'unité" des alliés
Ces doutes ont notamment été soulevés par le patron de la Chambre américaine des représentants, le républicain Mike Johnson, dont le camp est de plus en plus sceptique sur une nouvelle aide militaire à Kiev.
"Ce que l'administration Biden semble vouloir, ce sont des milliards de dollars supplémentaires sans supervision adéquate, sans réelle stratégie de victoire", a asséné l'élu après son entretien avec le chef d'État ukrainien.
Le patron de la majorité démocrate au Sénat, l'autre chambre du Congrès, a lui insisté sur les enjeux de l'aide à l'Ukraine.
"Si nous perdons, Poutine gagnera, et ce sera très dangereux pour les États-Unis", a déclaré Chuck Schumer après avoir vu Volodymyr Zelensky, et alors que la Russie revendique des avancées militaires "significatives" dans la région de Zaporijjia, dans le sud de l'Ukraine.
Le président ukrainien, dont c'est la troisième visite au Congrès américain depuis l'invasion de son pays par la Russie en février 2022, a évoqué sur le réseau social X une conversation "amicale et franche" avec les sénateurs.
L'Ukraine craint qu'un blocage durable de l'aide américaine n'affecte aussi l'aide militaire européenne. "Il est très important que, d'ici la fin de l'année, nous puissions envoyer un signal très fort d'unité", a déclaré Volodymyr Zelensky, lors d'une conférence de presse aux côtés du président américain Joe Biden.
Une nouvelle enveloppe qui divise
Les élus n'ont en théorie que jusqu'à vendredi – quand commencent les vacances parlementaires – pour parvenir à un accord sur cette enveloppe de 61 milliards de dollars. La Maison Blanche a prévenu qu'elle serait "à court d'argent" d'ici la fin de l'année si rien n'était fait.
Les démocrates sont favorables à cette nouvelle enveloppe. Les républicains n'y sont pas totalement opposés, mais ils entendent lier leur soutien à une revendication de politique intérieure de longue date : un durcissement majeur de la politique d'immigration des États-Unis.
Le Kremlin a lui estimé mardi que toute nouvelle aide américaine était vouée au "fiasco".
La Russie, qui a tourné son économie vers l'effort de guerre, pousse toujours plus fort dans l'est et le sud de l'Ukraine. Au prix, d'après le renseignement américain, de pertes énormes : 315 000 soldats russes ont été blessés ou tués depuis le début de l'invasion de l'Ukraine, selon un document, déclassifié et transmis au Congrès, révélé à l'occasion de la visite à Washington du président ukrainien.
Une attaque de missiles russes a par ailleurs ciblé Kiev tôt mercredi, blessant des dizaines de personnes, dont 15 ont été hospitalisées, a indiqué le maire de la capitale ukrainienne. Il s'agit de la deuxième attaque contre Kiev en l'espace d'une semaine.
Avec AFP