Il était donné archi favori. Le président sortant du Salvador, Nayib Bukele, plébiscité pour sa lutte contre les gangs dans le pays d'Amérique centrale, a affirmé avoir été réélu pour un second mandat dès le premier tour dimanche 4 février, dans un message posté sur le réseau social X.
"D'après nos calculs, nous avons remporté l'élection présidentielle avec plus de 85 % des voix", s'est félicité Nayib Bukele.
De acuerdo a nuestros números, hemos ganado la elección presidencial con más del 85% de los votos y un mínimo de 58 de 60 diputados de la Asamblea.
El récord en toda la historia democrática del mundo.
Nos vemos a las 9pm frente al Palacio Nacional.
Dios bendiga a El Salvador.
Le jeune président de 42 ans, au pouvoir depuis 2019, a ajouté que son parti Nuevas ideas "remporte au moins 58 des 60" sièges à l'Assemblée, ce qui constitue selon lui "un record dans toute l'histoire démocratique du monde entier".
L'institut CID-Gallup, dont un sondage réalisé à la sortie des urnes donnait plus tôt Nayib Bukele vainqueur avec 87 % des voix, a également souligné n'avoir "jamais observé un écart de cette ampleur lors d'une élection".
Des feux d'artifice tirés dans le ciel de San Salvador ont accompagné le message de victoire du président, qui a donné rendez-vous à ses soutiens devant le Palais national, dans le centre historique de la capitale.
Un combat contre le "cancer" des gangs
Nayib Bukele s'était auparavant félicité d'avoir vaincu le "cancer" des bandes criminelles et a affiché son intention de maintenir "l'état d'urgence", en vigueur depuis mars 2022, après avoir voté, tout sourire, casquette blanche sur la tête, jean et polo bleu, au côté de son épouse.
Ce régime d'exception, permettant arrestations sans mandat et déploiement de l'armée dans les rues, a envoyé derrière les barreaux quelque 75 000 personnes. Environ 7 000 d'entre elles, injustement détenues, ont été libérées.
Les meurtres imputables aux maras, les gangs locaux, sont passés de plus de 800 en 2019 à 57 l'année dernière, selon l'ONG Armed Conflict Location and Event Data Project (Acled).
"Le Salvador était atteint de métastases mais on a pratiqué une chirurgie, en ce moment nous sommes en phase de traitement mais nous allons nous en sortir en bonne santé, sans le cancer des gangs (...) Il nous reste à nous remettre et récupérer", a dit Nayib Bukele au cours d'une conférence de presse de près d'une heure.
Il a notamment été interrogé sur les reproches formulés par ses détracteurs, qui dénoncent une dérive autoritaire d'un chef de l'État qui concentre désormais tous les pouvoirs, et un danger pour la démocratie. Après avoir fait remplacer les juges de la Cour suprême et le procureur général, il a pu contourner la Constitution, qui interdit les mandats consécutifs, en prenant un congé de six mois avant le vote.
"Nous ne remplaçons pas la démocratie, parce que le Salvador n'a jamais eu de démocratie. Pour la première fois dans l'histoire, le Salvador a une démocratie, et ce n'est pas moi qui le dis, c'est le peuple", a-t-il déclaré, affirmant : "nous allons savoir si le peuple soutient l'état d'urgence".
Quelque 6 214 399 électeurs inscrits, dont 741 094 à l'étranger, essentiellement aux États-Unis, étaient appelés à voter.
Avec AFP