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L'Ukraine soupçonne la Russie de l'empoisonnement de l'épouse d'un chef du renseignement
Kiev soupçonne Moscou d'avoir empoisonné l'épouse du patron du renseignement ukrainien, Kyrylo Boudanov, au mercure et à l'arsenic. Marianna Boudanova a été hospitalisée et reçoit un traitement depuis plus d'une semaine. Kyrylo Boudanov a lui-même échappé à plus d'une dizaine de tentatives d'assassinat, avait alerté son service en septembre.

L'Ukraine y voit la signature de la Russie. Kiev soupçonne Moscou de l'empoisonnement de l'épouse du chef du renseignement militaire ukrainien (GUR), Kyrylo Boudanov, a indiqué à l'AFP, mardi 28 novembre, un porte-parole de cette structure, Andriï Ioussov. 

"C'est l'hypothèse principale", a-t-il dit, assurant qu'il s'agissait non pas d'un accident mais d'un empoisonnement délibéré aux métaux lourds, "notamment, mercure et arsenic".

Selon Andriï Ioussov, c'est bien Marianna Boudanova et non son mari, qui "était la cible". "Il est tout simplement impossible d'atteindre directement le commandant (Boudanov) de cette manière", a estimé le porte-parole. 

Des traces de métaux lourds ont été par ailleurs découvertes chez "plusieurs" collaborateurs du renseignement militaire, a confirmé Andriï Ioussov, sans donner d'autres détails.

La Russie n'a pour l'heure pas réagi à ces accusations.

Du poison dissimulé dans des aliments

Marianna Boudanova, qui conseille le maire de Kiev Vitali Klitschko, a été hospitalisée "il y a plus d'une semaine", a précisé Andriï Ioussov. Il est en revanche impossible pour l'instant d'établir la date exacte de l'empoisonnement car "l'attentat a peut-être été prolongé dans le temps", a fait valoir le porte-parole.

"Visiblement, sa vie n’est pas en danger", a indiqué mercredi le correspondant de France 24 à Kiev, Gulliver Cragg. 

Plus tôt dans la journée de mardi, une source au sein du renseignement avait confirmé à l'AFP que Marianna Boudanova souffrait d'une intoxication aux métaux lourds et recevait un traitement. "Leur présence peut indiquer une tentative délibérée d'empoisonnement", selon une source au sein du renseignement citée par le site d'information Babel.

"De toute vraisemblance", le poison a été délivré "avec la nourriture", a ajouté une source au sein des forces de l'ordre citée par le site Ukraïnska Pravda. 

"Elle se sentait mal, donc des analyses (médicales) ont été faites et celles-ci ont montré un empoisonnement", a-t-elle assuré, affirmant que Marianna Boudanova se sentait mieux et avait fini "la première étape du traitement".

Ensemble 24 heures sur 24

Kyrylo Boudanov, 37 ans, a acquis une aura presque légendaire depuis le début de l'invasion en occupant ce poste clé. Il dirige le département du renseignement militaire au sein du ministère de la Défense depuis 2020. Cette structure est considérée comme responsable de plusieurs attaques contre la Russie depuis le début de l'invasion russe en février 2022. 

Les autorités russes l'accusent notamment d'avoir organisé en octobre 2022 l'attaque qui a partiellement détruit le pont reliant la Crimée, péninsule ukrainienne annexée par Moscou, à la Russie.

Kyrylo Boudanov a indiqué en août que son épouse vivait avec lui "dans son bureau de travail" et ne le quittait jamais pour des raisons de sécurité depuis le début de l'invasion.

"Nous sommes toujours ensemble, 24 heures sur 24 et sept jours sur sept", expliquait Marianna Boudanova dans un entretien à l'édition ukrainienne du magazine Elle, publiée en octobre 2022.

Elle précisait avoir appris à "contrôler ses émotions" bien avant l'invasion, quand son mari partait pour de longues missions dans l'est de l'Ukraine, région où des séparatistes prorusses soutenus par Moscou ont pris les armes contre Kiev dès 2014.

Plus de dix tentatives d'attentat

Deux mois plus tôt, le porte-parole du service de renseignement Andriï Ioussov a affirmé que Kyrylo Boudanov avait été visé par "plus de dix" tentatives d'attentat.

Des bombes avaient notamment été placées dans sa voiture en 2019, une opération qui aurait été orchestrée par les services russes de sécurité (FSB), selon le procureur général ukrainien.

La Russie a été accusée à maintes reprises d'empoisonner des adversaires du Kremlin ou des transfuges, à l'intérieur comme à l'extérieur de ses frontières, même si elle a toujours nié ces faits.

Avec AFP