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Boycottée par l'opposition, la présidentielle à Madagascar marquée par une forte abstention
Le premier tour de l'élection présidentielle à Madagascar a été marqué, jeudi, par une abstention massive. Les opposants du président sortant Andry Rajoelina, citent de premiers chiffres, transmis par les observateurs internationaux, estimant la participation aux alentours de 20 %.

L'abstention au premier tour de l'élection présidentielle, jeudi 16 novembre, à Madagascar semble avoir été massive, sur fond de vives tensions entre le sortant Andry Rajoelina, qui sollicite un deuxième mandat, et 10 candidats de l'opposition ayant appelé au boycott.

"Nous ne reconnaissons pas ces élections et la population malgache dans sa grande majorité non plus", a déclaré à la fermeture des bureaux de vote Hajo Andrianainarivelo devant la presse, au nom des 10 opposants rassemblés en un collectif et comptant notamment deux ex-présidents.

Les opposants citent de premiers chiffres, transmis par les observateurs internationaux et estimant la participation aux alentours de 20%.

Ce taux est "au plus bas dans l'histoire électorale de Madagascar", a souligné Hajo Andrianainarivelo.

La commission électorale n'a pas encore annoncé le chiffre définitif mais plusieurs sources dans l'organisation ont indiqué à l'AFP que la participation pourrait même se situer sous la barre des 20%.

Onze millions d'inscrits devaient choisir entre Andry Rajoelina, 49 ans, et 12 autres candidats officiels, dont ceux du collectif qui n'ont pas fait campagne.

Alors que le dépouillement a commencé, le résultat, qui ne devrait être connu que dans plus d'une semaine, risque de prolonger encore la crise politique dans l'île de l'océan Indien. Le deuxième tour, si nécessaire, est prévu le 20 décembre.

"La seule voie démocratique (...) ce sont les élections", a déclaré Andry Rajoelina après avoir déposé son bulletin à Antananarivo.

L'opposant Siteny Randrianasoloniaiko, ex-champion de judo, a dénoncé des irrégularités. À Androy (sud), "les bureaux sont littéralement fermés, il n'y a pas d'électeurs, on l'a fait constater par huissier", a-t-il dit.

"C'est pas normal"

À "Tana", la capitale, les électeurs se sont présentés en petits groupes, sans se presser. A la sortie d'isoloirs rudimentaires, ils repartent le pouce enduit d'encre indélébile vert-doré.

Dans le bureau où a voté le président sortant, Eugène Rakatomalala, 43 ans, chapeau en paille et barbichette, maugrée: "Je vote mais on sait bien que c'est pas normal. Il n'y a que quelques candidats qui ont fait campagne".

"Je suis inquiet parce qu'il y a des sortes de factions qui veulent seulement que le pays soit en désordre (...) Il faut aller de l'avant", témoigne Francky Randriananantoandro, étudiant en informatique.

Dans les "bas quartiers", la cour de récréation défoncée d'une modeste école reste aussi quasiment déserte. Faraniaina Raharinirina, 66 ans, un long chapelet autour du cou, a tenu à venir voter, "par devoir".

Ici la participation a plafonné à 30%, selon le décompte du bureau que l'AFP a pu consulter.

Élu depuis 2018, Andry Rajoelina avait déjà accédé une première fois au pouvoir en 2009 à la faveur d'une mutinerie chassant l'ex-président Ravalomanana.

Le collectif d'opposants candidats a dénoncé des manœuvres du pouvoir pour reconduire Andry Rajoelina et réclamé une suspension du processus électoral.

Depuis début octobre, ils ont multiplié les appels à manifester dans la capitale, ne réunissant chaque fois que quelques centaines de partisans.

Andry Rajoelina a sillonné le pays, parmi les plus pauvres de la planète, en hélicoptère ou avion privé, en campagne.

Son camp a dénoncé un comportement "irresponsable" des opposants.

La crise politique dans le pays a été déclenchée en juin par la révélation de la naturalisation française, en toute discrétion, d'Andry Rajoelina en 2014. Selon l'opposition, cela devait l'empêcher de se présenter mais la justice a refusé d'invalider sa candidature.

Avec AFP

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