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Après les frappes menées au Yémen par les États-Unis et le Royaume-Uni contre les rebelles houthis, vendredi, des centaines de milliers de personnes ont manifesté à Sanaa à l'appel du groupe rebelle soutenu par l'Iran. Le Conseil politique suprême du groupe a affirmé que "tous les intérêts américano-britanniques" étaient désormais des "cibles légitimes pour les forces armées yéménites".

La tension continue de s'accentuer. Les intérêts américains et britanniques sont devenus des "cibles légitimes" pour les Houthis après les frappes des États-Unis et du Royaume-Uni au Yémen, ont déclaré, vendredi 12 janvier, les rebelles soutenus par l'Iran.

"Tous les intérêts américano-britanniques sont devenus des cibles légitimes pour les forces armées yéménites après l'agression directe et déclarée contre la République du Yémen", a affirmé le Conseil politique suprême des Houthis.

"Les Américains et les Britanniques ne doivent pas croire qu'ils échapperont au châtiment de nos forces armées héroïques", a ajouté cette haute instance des rebelles, dans un communiqué publié par leurs médias officiels.

"La joie des agresseurs ne sera pas longue, et notre main aura le dessus, si Dieu le veut", a encore poursuivi le Conseil suprême des Houthis.

Les États-Unis et le Royaume-Uni ont bombardé tôt vendredi les Houthis au Yémen, en réponse aux attaques menées par ces derniers contre le trafic maritime en mer Rouge, en signe de solidarité avec les Palestiniens de Gaza.

Ces frappes, visant des radars, ainsi que des capacités de stockage et de lancement de drones et de missiles, alimentent les craintes d'une escalade régionale.

Les frappes, qui ont fait cinq morts, ont suivi des semaines d'attaques menées par les Houthis contre des navires qu'ils disent liés à Israël en mer Rouge, pour protester contre les bombardements dans la bande de Gaza où l'État hébreu dit vouloir anéantir le Hamas palestinien, responsable d'une attaque inédite en territoire israélien.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a demandé vendredi à "toutes les parties" d'éviter "l'escalade", selon son porte-parole.

"Le Secrétaire général appelle toutes les parties concernées à éviter une escalade de la situation dans l'intérêt de la paix et de la stabilité en mer Rouge et dans l'ensemble de la région", a déclaré le porte-parole Stéphane Dujarric durant un point presse.

À la demande de la Russie, le Conseil de sécurité de l'ONU devait se réunir en urgence vendredi après-midi sur le sujet.

Les États-Unis "ne cherchent pas de conflit avec l'Iran"

Dans la journée de vendredi, des centaines de milliers de personnes ont manifesté dans la capitale yéménite Sanaa pour condamner les frappes.

"Vos frappes sur le Yémen sont du terrorisme", a notamment affirmé Mohammed Ali al-Houthi, membre du Conseil politique suprême des Houthis, ajoutant : "Les États-Unis sont le diable".

"Mort à l'Amérique, mort à Israël", ont scandé les manifestants, des partisans des rebelles qui contrôlent la capitale Sanaa et plusieurs régions du Yémen.

Certains brandissaient des fusils d'assaut AK-47, selon un correspondant de l'AFP.

Plus tard, la Maison Blanche a affirmé que tout en frappant les Houthis, les États-Unis "ne cherchent pas de conflit avec l'Iran".

"Nous ne cherchons pas de conflit avec l'Iran. Nous ne cherchons pas une escalade et il n'y a pas de raison qu'il y ait une escalade au-delà ce qui a eu lieu ces derniers jours", a déclaré John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale sur la chaîne MSNBC.

Il a toutefois assuré, sur CNN cette fois, qu'il n'y avait "aucun doute" sur le soutien iranien aux rebelles yéménites.

"Les Houthis appuient sur la gâchette mais ce sont les Iraniens qui fournissent le pistolet", a-t-il dit.

"Tout ce que nous faisons, en concertation avec nos alliés et partenaires, est destiné à empêcher (que le conflit entre Israël et le Hamas) s'étende et se transforme en conflit plus vaste", a-t-il assuré.

Yémen : les Houthis menacent de risposter aux frappes américaines et britanniques

Dans son premier commentaire public depuis les frappes, le président américain, qui "pense" que les frappes au Yémen n'ont pas fait de "victimes civiles", a répété vendredi qu'il "répondrait" si "les Houthis poursuivent leur comportement inacceptable".

Le président américain Joe Biden a par ailleurs qualifié les Houthis de groupe "terroriste".

L'Iran condamne les frappes américano-britanniques

Dans un communiqué, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanani, a "condamné fermement" les attaques menées par les États-Unis et le Royaume-Uni contre plusieurs villes du Yémen.

Il a prévenu qu'elles "ne font qu'alimenter l'insécurité et l'instabilité dans la région", ainsi que de "détourner l'attention du monde des crimes" commis à Gaza.

Le porte-parole a exhorté la communauté internationale à agir "pour empêcher la propagation de la guerre". 

Le ministre des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, a pour sa part exprimé son soutien aux attaques des Houthis en solidarité avec les Palestiniens.

"L'action du Yémen en soutien aux femmes et aux enfants de Gaza face au génocide perpétré par le régime israélien est louable", a-t-il affirmé sur X.

Après la prière du vendredi à Téhéran, des centaines de personnes se sont rassemblées en soutien aux peuples palestinien et yéménite, scandant des slogans hostiles aux États-Unis, au Royaume-Uni et à Israël, selon un journaliste de l'AFP.

La télévision d'État a diffusé des images de manifestations similaires dans plusieurs autres villes iraniennes. 

Elle a montré plus tard des images d'une manifestation devant l'ambassade du Royaume-Uni à Téhéran, où les participants agitaient les drapeaux palestinien et yéménite.

"À bas Israël", "À bas les États-Unis" et "À bas la Grande-Bretagne", scandaient les manifestants, en brûlant les drapeaux des trois pays, selon un journaliste de l'AFP.

Avec AFP