Le président chinois Xi Jinping a reçu lundi à Pékin le Premier ministre australien Anthony Albanese. Une rencontre qui symbolise le dégel des relations diplomatiques entre ces deux pays, après des années de tensions qui ont freiné les échanges commerciaux.
Le géant asiatique est le principal partenaire économique de Canberra. Après des années de tensions entre la Chine et l'Australie, le président Xi Jinping a reçu lundi 6 novembre le Premier ministre australien Anthony Albanes – une rencontre censée marquer le dégel des relations diplomatiques entre les deux pays.
En 2018, le gouvernement australien de l'époque avait exclu le groupe privé chinois Huawei du réseau 5G du pays. Deux ans plus tard, en 2020, il avait demandé une enquête internationale sur les origines du Covid-19 – une initiative que Pékin avait jugée politiquement motivée, car émanant d'un proche partenaire des États-Unis.
En parallèle, les relations s'étaient également tendues en raison de différends sur de supposées opérations d'influence chinoises en Australie. En réponse, la Chine avait imposé des droits de douane élevés sur des produits australiens clés destinés à l'exportation, tels que l'orge, le bœuf et le vin.
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Pékin avait également cessé d'acheter en Australie d'importantes quantités de matières premières, dont le charbon, privant le pays de milliards de dollars de revenus.
Nombre des restrictions au commerce ont toutefois été progressivement levées depuis le retour des travaillistes et d'Anthony Albanese au pouvoir en mai 2022.
"Devenir des partenaires de confiance"
Au début de sa rencontre avec Xi Jinping, Anthony Albanese, premier dirigeant australien à se rendre en Chine depuis plus de sept ans, a salué l'évolution "incontestablement très positive" des relations bilatérales, selon des propos retransmis par la télévision publique australienne ABC. "Les échanges commerciaux sont plus libres et cela bénéficie à nos deux pays", a-t-il souligné.
"Nous pouvons bien évidemment saisir l'occasion aujourd'hui de voir comment renforcer la coopération" entre la Chine et l'Australie, a-t-il déclaré.
Le président chinois Xi Jinping a de son côté assuré que les deux pays pouvaient devenir des "partenaires de confiance", a rapporté la télévision d'État CCTV. Les deux nations "n'ont pas de griefs historiques ou de contentieux ni de conflits d'intérêts fondamentaux. Et elles peuvent vraiment devenir des partenaires de confiance et réussir ensemble", a-t-il déclaré.
Malgré le dégel, le Premier ministre australien avait précisé le mois dernier que les deux pays n'étaient pas alignés sur le plan stratégique et avaient une histoire et des valeurs différentes.
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"Nous devons coopérer avec la Chine quand nous le pouvons" et "être en désaccord quand c'est nécessaire", a-t-il souligné lundi.
La Chine critique par ailleurs vivement le pacte de sécurité "Aukus", signé par l'Australie avec les États-Unis et le Royaume-Uni, qui ne cache pas sa volonté de contrer l'influence chinoise en Asie-Pacifique.
Ce pacte comprend notamment la livraison à Canberra de sous-marins à propulsion nucléaire. Pékin y voit une menace pour sa sécurité, mais aussi un accord qui contrevient aux règles de non-prolifération nucléaire.
Journaliste libérée
Les réunions de cette semaine entre Anthony Albanese et les responsables chinois permettront à Pékin de se présenter comme un "partenaire bienveillant" accueillant un ami "revenu dans le droit chemin", estime Courtney Fung, analyste chez Asia Society Australia, un groupe de réflexion dédié à l'Asie.
"La Chine ne voudra pas s'attarder sur les critiques concernant sa coercition économique ou sa diplomatie des otages", affirme-t-elle à l'AFP.
La Chine a libéré le mois dernier la journaliste australienne Cheng Lei, qui travaillait pour la télévision publique chinoise anglophone CGTN et était détenue depuis plus de trois ans sur la base d'accusations de "divulgation de secrets d'État à l'étranger".
Sa libération a ravivé les espoirs des fils de l'écrivain australien Yang Jun, emprisonné en Chine depuis 2019, qui ont demandé mercredi au Premier ministre australien d'évoquer le sort de leur père lors de son voyage à Pékin.
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La Chine va chercher à présenter cette visite d'Anthony Albanese comme une reconnaissance par l'Australie de ses erreurs passées, juge Yun Sun, chercheuse au Stimson Center, établi à Washington.
"Elle va présenter Anthony Albanese comme [un dirigeant] étant du bon côté de l'histoire et faisant le bon choix pour le bien de l'économie [australienne], en particulier pour les entreprises tournées vers l'export, dont le secteur du vin", souligne-t-elle, prédisant que "c'est la manière dont la Chine va présenter les choses".
Avec AFP