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Congé menstruel, la fausse bonne idée ? La crainte d'une stigmatisation des femmes

Plusieurs projets ou propositions de loi suggèrent d’instaurer un congé menstruel en France. Mais les opinions sur ce temps de repos pour les femmes souffrant de règles incapacitantes sont très tranchées. Certaines voix dénoncent une fausse bonne idée qui pourrait les stigmatiser dans le monde du travail. À retrouver également dans cette édition : dans les transports en commun, de plus en plus de jeunes femmes adoptent la "subway shirt", un vêtement ample destiné à cacher leur tenue pour éviter regards appuyés et gestes déplacés.  

Le premier congé menstruel de l’histoire est né au Japon, en 1947 et a fait des émules en Asie : l’année suivante, c’est l’Indonésie qui l’adopte. Il faut ensuite attendre 2001 pour que la Corée du Sud l’instaure également, suivie par Taïwan, en 2013. Mais ce n’est qu’en février 2023 que le congé menstruel entre dans le droit d’un pays européen, l’Espagne.  

En France, le congé menstruel n’existe pas – ou pas encore, mais plusieurs projets et propositions de loi ont été déposés pour être débattus à l’Assemblée nationale. Un texte a été présenté par les député ·e s socialistes, un autre par les élu ·es écologistes. Un autre enfin a été proposé par la sénatrice Hélène Conway -Mouret.

Mais le principe même de ce congé divise, y compris dans les milieux féministes. Alors que certain · es applaudissent une mesure permettant aux femmes souffrant de règles très douloureuses de souffler sans avoir à poser de congés, d’autres dénoncent une fausse bonne idée qui pourrait se retourner contre les femmes sur le marché de l’emploi. Ces opposant · es arguent que les femmes souffrent déjà d’une discrimination à l’embauche à cause du "risque" d’une grossesse pour l’employeur · euse et que si toutes les femmes n’ont pas d’enfant, toutes les femmes ont en revanche leurs règles. Les chercheuses d’emploi pourraient alors être perçues comme des problèmes menstruels récurrents, de la puberté à la ménopause.  

Corinne Hirsch, co-fondatrice du Laboratoire de l’Égalité, plaide en faveur d’une autre voie : réorganiser tous les jours enfant malade, aidant · e ou fausse couche dans un ensemble de jours dont les employées pourraient disposer en cas de besoin, à utiliser à leur discrétion.  

Dans l’actualité, un autre sujet fait débat : celui de la "subway shirt", ou "chemise de métro". Il s’agit d’un vêtement ample dont les femmes se couvrent dans les transports en commun pour éviter des regards appuyés ou des gestes déplacés. Certaines y voient un recul des libertés conquises par les femmes, et notamment du droit à s’habiller comme elles le souhaitent. D’autres prônent le pragmatisme, voire la lutte de basse intensité à travers la dénonciation du problème sur les réseaux sociaux.