
Jakarta coule. La capitale indonésienne de 11 millions d'habitants s'enfonce inexorablement sous le niveau de la mer à un rythme affolant. Ce phénomène a poussé le gouvernement indonésien à prendre une décision radicale : déménager sa capitale à plus de 1 500 kilomètres de là et créer une nouvelle ville de toute pièce, sur l'île de Bornéo. Lucie Berbey et Ulysse Cailloux se sont rendus sur place pour comprendre les raisons et les enjeux de cette décision inédite.
Dans les quartiers nord de Jakarta, capitale de l'Indonésie, les habitants ne doivent leur survie qu'à un mur de cinq mètres de haut qui serpente le long de la côte, seul rempart qui protège la ville de l'océan. Plus de 40 % de la superficie de Jakarta se trouve déjà sous le niveau de la mer et serait partiellement engloutie sans cette digue érigée il y a cinq ans.
De Jakarta à "Nusantara"
Mais les habitants, comme Muhammad Ronny, savent que cette solution n'est que temporaire : le mur est déjà parsemé de fissures qui rappellent tous les jours la menace qui pèse sur Jakarta.
À 1 500 kilomètres de là, au cœur de l'île de Bornéo, un gigantesque chantier a vu le jour. C'est là, sur plus de 56 000 hectares de forêt destinée à l'industrie du papier, qu'est en train de sortir de terre la future capitale indonésienne. À en croire les prévisions du gouvernement, "Nusantara" sera une ville futuriste et respectueuse de l'environnement, qui se veut précurseuse sur le développement des énergies vertes.
Écosystème menacé
Ce projet pharamineux à 33 milliards d'euros indigne les autochtones des villages alentours. Certains devraient être expulsés pour laisser la place à la future capitale et à ses deux millions d'habitants prévus en 2036.
Le projet soulève aussi des inquiétudes chez les défenseurs de l'environnement. L'écosystème de l'île de Bornéo est déjà fragilisé par la culture intensive d'huile de palme et de nombreuses espèces endémiques pourraient être menacées.
