Quelque 300 points de rassemblement sont prévus pour protester contre la réforme des retraites le jour de la fête du travail, lundi. Une mobilisation "historique", selon le secrétaire général de FO, Frédéric Souillot. Pour assurer la sécurité, 12 000 policiers et gendarmes ont été mobilisés.
La fête du travail, journée de manifestations, revêt une saveur particulière en pleine contestation de la réforme des retraites. Avec 300 cortèges attendus par les syndicats dans toute la France pour un 1er-Mai "historique" et "festif", l'intersyndicale entend montrer lundi qu'elle n'abandonne pas le combat.
"Je pense que demain on aura des centaines de milliers de manifestants, peut-être un million ou un million cinq", a estimé dimanche 30 avril le numéro un de la CFDT, Laurent Berger, invité du grand jury RTL-LCI-Le Figaro. Les autorités tablent, de leur côté, sur 500 à 650 000 personnes sur tout le territoire, dont 80 à 100 000 à Paris.
"Ce sera familial, festif", a promis la numéro un de la CGT Sophie Binet.
"Cette fête des travailleurs se déroule dans l'unité syndicale et rien que ça, c'est historique", s'est réjoui dans le Journal du Dimanche le secrétaire général de Force ouvrière (FO), Frédéric Souillot.
Le dernier défilé unitaire avec les huit principaux syndicats remonte à 2009, face à la crise financière (la CGT avait compté près de 1,2 million de manifestants, la police 456 000). En 2002 (900 000 à 1,3 million de personnes), les syndicats avaient aussi fait bloc pour "faire barrage" à Jean-Marie Le Pen.
Une sécurité renforcée
Dans la capitale, le cortège s'élancera à 14 h de la place de la République vers la Nation, avec la présence annoncée de syndicalistes du monde entier. Les autorités attendent aussi 1 500 à 3 000 "gilets jaunes" et 1 000 à 2 000 individus "à risque", de source policière. Quelque 12 000 policiers et gendarmes seront mobilisés, dont 5 000 à Paris.
Interrogée sur France 3 dans l'émission Dimanche en politique concernant la présence éventuelle de "black blocs", Sophie Binet a estimé que c'était "un problème". "Je préférerais qu'ils ne viennent pas, s'ils veulent faire leurs actions, qu'ils le fassent sans se greffer sur nos manifestations qui sont pacifiques, je trouve que c'est choquant", a-t-elle dit.
Dans le même temps, elle s'est dite "inquiète" concernant "l'annonce de drones pour la sécurisation des cortèges", jugeant qu'on est "sur une pente dangereuse".
Les syndicats devraient bientôt être invités
Ce 1er mai, qui fait figure de 13e journée de mobilisation intersyndicale contre la réforme des retraites, intervient pourtant après la validation de l'essentiel du texte par le Conseil constitutionnel et sa promulgation dans la foulée.
Les syndicats tournent leurs regards vers deux nouvelles dates : le 3 mai, lorsque les "Sages" se prononceront sur une deuxième demande de référendum d'initiative partagée (RIP) et le 8 juin, lorsqu'une proposition de loi du groupe des députés Liot abrogeant la réforme sera au menu de l'Assemblée.
Si dans la rue comme dans les sondages la colère reste vive, avec des "casserolades" qui accompagnent les déplacements de l'exécutif, au sein du gouvernement certains veulent croire "qu'on a passé le plus gros en terme de contestation" et que ce 1er-Mai "peut être le baroud d'honneur de l'interprofessionnel".
Emmanuel Macron s'est donné le 17 avril "100 jours d'apaisement" et "d'action" pour relancer son quinquennat. Sa Première ministre, Élisabeth Borne, va envoyer des invitations aux syndicats "la semaine prochaine", selon Matignon. D'ores et déjà, Laurent Berger a annoncé dimanche que la CFDT "irait discuter" avec la Première ministre si elle y était invitée, tandis que Sophie Binet a rappelé que l'intersyndicale avait prévu de prendre la décision "ensemble" mardi matin.
Avec AFP