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À Astana, au Kazakhstan, Ding Liren a triomphé dimanche du Russe Ian Nepomniachtchi, devenant champion du monde d'échecs. Il succède ainsi au Norvégien Magnus Carlsen, qui détenait le titre depuis 2013.

Le grand maître Ding Liren est devenu le premier Chinois champion du monde d'échecs dimanche 30 avril, à Astana, en battant le Russe Ian Nepomniachtchi, confirmant la place prépondérante prise par le pays sur le monde échéquien.

À 30 ans, le joueur a pris le dessus après les départages, et au terme d'un combat qui marquera davantage par sa dramaturgie renversante que par la précision des deux joueurs.

Qu'importe la qualité : si six Chinoises ont été championnes du monde d'échecs depuis 1990, dont l'actuelle Ju Wenjun, c'est la première fois que le pays remporte le titre suprême – car ouvert aux hommes comme aux femmes – des échecs.

La Chine fait depuis plusieurs années partie des nations les plus redoutées des échecs : elle a notamment remporté en 2014 et 2018 les Olympiades, la compétition entre nations la plus importante de la discipline, Ding Liren prenant une part prépondérante lors des deux éditions.

Le grand maître a brisé tous les plafonds de son pays et a longtemps été vu comme celui qui pouvait faire tomber le champion du monde depuis 2013, Magnus Carlsen.

"Je suis soulagé (...), je me connais, je vais pleurer et fondre en larmes", a réagi le champion dans un communiqué de la Fédération internationale des échecs (Fide).

Né dans la "ville des échecs"

Ding Liren est né à Wenzhou en 1992, ville qui a obtenu, deux ans après, le titre de "ville des échecs chinoise".

Deuxième au championnat du monde des moins de dix ans en 2003, il se révèle vraiment en devenant en 2009 le plus jeune champion des échecs de Chine.

Ding Liren est ensuite le joueur chinois le mieux classé de l'Histoire et le premier a participer au tournoi des Candidats, dont le vainqueur devient le challenger du champion du monde en titre, en 2018 puis 2020. Dès 2018, il devient le cinquième joueur au classement mondial, grimpant même à la deuxième place en 2021.

Brutal arrêt à cause de la pandémie

Mais la pandémie de Covid-19, qui dure en Chine, met un brutal coup d'arrêt à sa trajectoire. En 2022, il n'obtient pas de visa pour participer aux compétitions qualificatives au tournoi des Candidats et ne participe presque à aucune compétition du circuit officiel entre juin 2021 et avril 2022.

La disqualification du Russe Sergueï Karjakin de toute compétition organisée par la Fédération internationale des échecs en raison de sa prise de position en faveur de la guerre en Ukraine libère cependant une place pour le joueur le mieux classé non qualifié : Ding Liren. Contrairement au tennis, les points acquis aux échecs ne s'effacent pas au bout d'un an, mais changent uniquement après des parties.

Sa participation au tournoi des Candidats en avril 2022 est donc entourée de mystère. Après une défaite lors du premier match contre Ian Nepomniachtchi, Ding Liren se rattrape et arrache lors de la dernière journée la deuxième place du tournoi.

La position devient miraculeusement qualificative pour le championnat du monde quand Magnus Carlsen, quintuple vainqueur en titre, décide d'abandonner sa couronne, lassé du format de la compétition. Le Norvégien a félicité son successeur, indique le communiqué de la fédération.

Face à "Nepo", à Astana, Ding Liren court après le score : mené à trois reprises, il revient à hauteur en gagnant la 12e ronde, au terme d'une partie où son adversaire a, à plusieurs reprises, un avantage décisif mais ne trouve pas les bons coups pour conclure. "Ce sont deux joueurs qui attaquent très bien et qui défendent, pour leur niveau, relativement mal", explique Kevin Bordi, animateur de la chaîne Blizstream et principal figure sur Internet des échecs francophones.

La date du prochain championnat du monde n'est pas connue. Le tournoi des Candidats, qui désignera son challenger, aura lieu en avril 2024.

Avec AFP