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La consommation des ménages accuse une légère baisse en novembre

Après deux mois d'augmentation continue, les dépenses de consommation des ménages français en produits manufacturés se sont légèrement tassées en novembre, selon des chiffres publiés mercredi par l'Insee.

REUTERS - Les Français se sont encore rués chez les concessionnaires automobiles en novembre mais cela n'a pas empêché les achats de biens manufacturés de reculer légèrement après deux mois de hausse sensible.

La consommation des ménages en produits manufacturés a diminué de 0,1%, sous le coup d'une baisse des achats d'autres biens et de textile-cuir, selon des données CVS/CJO publiées mercredi par l'Insee.
Dix-neuf économistes interrogés par Reuters s'attendaient en moyenne à une stabilité après les hausses de 1,0% et de 2,6% enregistrées en octobre et en septembre.

Les dépenses en produits manufacturés représentent environ le quart de la consommation totale des ménages en biens et en services.
Les achats de biens durables ont augmenté de 2,0% en novembre et, parmi eux, ceux de voitures ont bondi de 4,2%, affichant sur un an un bond de 26,9%. Ces chiffres reflètent la hausse de 48,4%, en rythme annuel, des immatriculations annoncée le 1er décembre par le Comité des constructeurs français d'automobiles (plus de détails [ID:nGEE5B019X]).

"Les ménages ont souhaité profiter pleinement de la prime à la casse avant sa réduction programmée au 1er janvier, mais si l'on omet l'automobile les achats de biens manufacturés ont en fait perdu 0,8% en novembre", relève Nicolas Bouzou, économiste au cabinet d'analyse Asterès.

Les dépenses en équipement du logement se sont maintenues (+0,2%) mais uniquement en raison de l'électronique de loisir, les ménages ayant réduit leurs achats de mobilier.

Les achats de textile-cuir ont quant à eux reculé de 1,8% après des hausses de 2,4% en octobre et de 3,0% en septembre, et ceux d'autres produits manufacturés, qui représentent tout de même 40% du panier de l'Insee, ont baissé de 1,0%.

CONJONCTURE POUSSIVE

Dopée par la prime à la casse, la consommation des ménages devrait soutenir la croissance du produit intérieur brut au quatrième trimestre mais les économistes se montrent prudents pour la suite.

"On peut attendre une hausse d'au moins 2% de la consommation sur le trimestre, ce qui devrait se traduire par une croissance du PIB assez substantielle, d'au moins 0,5% ou 0,6%", remarque Olivier Gasnier, à la Société générale.

"Je pense qu'on aura en octobre-décembre un niveau record d'immatriculations mais cela entraîne des doutes sur la capacité de la consommation à résister en 2010."

En 1997, la suppression de la "Juppette", prime à la casse instaurée sous le Premier ministre d'alors Alain Juppé, avait entraîné une chute de 20% du marché automobile.

Le gouvernement Fillon, soucieux de ne pas rééditer ce scénario, a opté pour une réduction progressive de la prime, qui passera de 1.000 euros actuellement à 700 euros le 1er janvier puis à 500 euros le 1er juillet, tandis que les conditions d'application du "bonus-malus" écologiques seront durcies.

L'impact sur les dépenses des ménages n'en risque pas moins d'être important. L'Insee, dans sa note de conjoncture publiée le 17 décembre, voit la consommation d'ensemble - en comprenant les services - augmenter de 0,7% au quatrième trimestre puis de seulement 0,3% et 0,2% sur les deux premiers trimestres de 2010.

"Avec la prime à la casse, on a mangé notre capital dépenses de l'année prochaine, c'est ça le vrai problème !", résume Olivier Gasnier de la Société générale.

"La reprise a été très tirée par l'automobile, que ce soit au niveau des statistiques industrielles ou de la consommation des ménages, et l'année 2010 s'annonce plutôt mollassonne".

Nicolas Bouzou, chez Asterès, n'exclut pas une baisse globale de la consommation l'année prochaine. "L'inflation ne sera plus un soutien, la politique économique sera moins favorable aux ménages et les salaires seront indexés sur les résultats - mauvais - de 2008", explique-t-il en constatant que "la conjoncture hors automobile demeure poussive".