
Quelque 963 000 personnes ont manifesté samedi en France contre la réforme des retraites, dont 93 000 à Paris, selon le ministère de l'Intérieur, des chiffres en hausse par rapport à mardi où les autorités avaient recensé 757 000 manifestants au niveau national. La CGT a annoncé plus de 2,5 millions en France, et 500 000 personnes à Paris.
Des mobilisations plus familiales et en regain. Avec la quatrième journée d'action contre la réforme des retraites samedi, les syndicats espèrent se faire entendre enfin de l'exécutif, faute de quoi ils se disent prêts à "mettre la France à l'arrêt" le 7 mars.
Les mobilisations ont rassemblé 963 000 personnes en France, dont 93 000 à Paris, selon le ministère de l'Intérieur, soit davantage que mardi, mais moins que les deux premiers rounds. La CGT a recensé de son côté 500 000 personnes dans le cortège parisien, mais n'avait pas encore donné de chiffre national.
Le cabinet Occurrence, qui a réalisé un comptage pour un collectif de médias dont l'AFP, a lui dénombré 112.000 manifestants à Paris.
Les syndicats ont appelé à une nouvelle journée de mobilisation nationale, alors que l'examen de la loi est en cours à l'Assemblée nationale, tout en évoquant la possibilité de "mettre la France à l'arrêt dans tous les secteurs", le 7 mars, si le gouvernement et le Parlement "restent sourds".
L'intersyndicale a invité à manifester "encore plus massivement" en ce début de week-end qui doit permettre aux salariés n'ayant pas la possibilité de se mobiliser dans la semaine de se joindre au mouvement.
"J'attends beaucoup de monde, il faut que l'on soit très, très nombreux", a plaidé vendredi le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger sur Franceinfo, précisant que plus de 250 rassemblements étaient prévus dans toute la France.
Devant la presse à Bruxelles, lors d'une rare prise de parole sur ce sujet crucial pour son second quinquennat, Emmanuel Macron a appelé les mécontents à conserver leur "esprit de responsabilité" afin que "les désaccords puissent s'exprimer, mais dans le calme, le respect des biens et des personnes, et avec une volonté de ne pas bloquer la vie du reste du pays".
Contrairement aux journées de mobilisation précédentes – 19 janvier, 31 janvier et 7 février –, les syndicats privilégient les manifestations plutôt que la grève qui pourrait pénaliser les Français en vacances d'hiver. Ainsi, les représentants de la SNCF n'ont pas appelé à cesser le travail.
Les défilés du matin ont rassemblé du monde
Pour cette première mobilisation un samedi, les défilés matinaux ont rassemblé parfois plus de monde que le troisième acte, le 7 février. Ils étaient au moins 8 500 à Pau, 6 000 à Nancy, 5 à 6 000 à Angoulême, 5 600 à Nice et 2 000 à Mende (Lozère), selon les autorités.
À Clermont-Ferrand, où les syndicats ont revendiqué 50 000 participants (contre 20 000 le 7 février) – 8 000, selon la préfecture –, Christophe Meunier, 58 ans, chauffeur, a expliqué ne pas pouvoir venir en semaine : "L'entreprise a besoin de moi. Je suis venu parce qu'il y en a ras le bol, c'est toujours les mêmes qui paient".
À Toulouse, la CGT a revendiqué "plus de 100 000 manifestants", la préfecture 25 000.
Une grève reconductible ?
La troisième journée de mobilisation organisée mardi a connu une baisse d'affluence, avec 757 000 personnes dans les cortèges selon le ministère de l'Intérieur, contre plus d'un million lors des deux journées précédentes.
Les principaux syndicats restent mobilisés et une nouvelle journée d'action est programmée le jeudi 16 février, à la veille de la fin de l'examen du projet de loi à l'Assemblée nationale. Le mot d'ordre reste le même : l'abandon de la réforme qui prévoit notamment un report de 62 à 64 ans de l'âge légal de départ à la retraite.
Une mobilisation est par ailleurs envisagée les 7 et 8 mars, hors vacances scolaires, au moment où le texte sera débattu au Sénat, ont indiqué des sources syndicales. Un durcissement du mouvement, avec le lancement d'une grève reconductible, n'est pas exclu.
"Quand quelqu'un ne vous écoute pas, vous haussez le ton. Et nous, la façon de hausser le ton, c'est de partir en grève reconductible", a prévenu jeudi Fabien Villedieu, délégué syndical chez Sud-Rail sur BFMTV.
Des précisions devraient être données par l'intersyndicale lors une conférence de presse prévue samedi en fin de matinée, avant le départ du cortège parisien qui s'élancera de la place de la République à 13 h, direction place de la Nation.
Les Républicains divisés
Du côté du gouvernement, on se défend de faire la sourde oreille tout en insistant sur la nécessité de faire une réforme qui demande "des efforts", selon l'expression répétée par la Première ministre, Élisabeth Borne.
"Nous ne sommes pas sourds (...) Nous avons été capables d'évoluer", a dit le porte-parole de l'exécutif Olivier Véran, vendredi sur BFMTV.
Les principales modifications du projet ont été décidées dans le but de rallier les députés Les Républicains (LR), le camp présidentiel ne disposant pas de la majorité absolue à l'Assemblée. Les troupes LR sont divisées sur l'attitude à adopter, même si une majorité des 62 députés est prête à voter le texte, selon leur président de groupe Alain Marleix.
Le Sénat, majoritairement à droite, est favorable à une réforme des retraites réclamée de longue date par la famille politique actuellement dirigée par Éric Ciotti, qui fait face au mécontentement d'une partie de ses troupes, représentée notamment par l'élu du Lot Aurélien Pradié.
L'une des inconnues est le temps que prendra l'examen du texte au Palais-Bourbon, où plus de 20 000 amendements ont été déposés, dont 18.000 par la coalition de gauche Nupes qui a la possibilité d'en retirer une partie pour accélérer les débats.
L'article 1 relatif à la disparition d'une partie des régimes spéciaux de retraite a été adopté vendredi. L'article 7 contenant la mesure-phare du report de l'âge légal de départ est particulièrement attendu.
Avec AFP