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Pérou : l'ex-président Pedro Castillo maintenu en prison, affrontements meurtriers dans le Sud

Sept personnes ont été tuées jeudi à Ayacucho, dans le sud du Pérou, lors d'affrontements entre militaires et partisans du président déchu Pablo Castillo, selon les autorités sanitaires régionales. La contestation s'aggrave dans le pays alors que la Cour suprême a décidé de maintenir en prison l'ancien chef de l'État.

Déjà huit jours de contestation et le mouvement s'amplifie au Pérou. Jeudi 15 décembre, de nouveaux affrontements ont fait sept morts dans le sud du pays.

À Lima, la Cour suprême a décidé jeudi de laisser en détention pour 18 mois l'ex-président de gauche radicale Pedro Castillo, incarcéré depuis sa destitution le 7 décembre, à la suite d'une tentative ratée pour dissoudre le Parlement, qualifiée de putsch manqué par ses adversaires.

Le parquet, rappelant que Pedro Castillo avait essayé de se réfugier à l'ambassade du Mexique après sa destitution, réclamait son maintien en détention jusqu'en juin 2024 en invoquant un "risque de fuite". Poursuivi pour "rébellion" et "conspiration", l'ex-président encourt dix ans de prison, selon le procureur Alcides Diaz.

"On le sentait venir (...). Nous ne sommes pas allés à l'audience, car nous refusons de prendre part à cette mascarade", a dénoncé l'avocat de l'ex-président, Ronald Atencio, annonçant qu'il allait faire appel.

"Nous devons nous battre"

Dans les rues, la mobilisation contre le nouveau pouvoir et le Parlement ne faiblit pas malgré l'état d'urgence décrété mercredi pour 30 jours dans tout le Pérou. Cette mesure permet à l'armée de participer aux opérations de maintien de l'ordre.

Au moins 15 personnes ont été tuées pendant des manifestations depuis le 7 décembre, dont sept jeudi lors de plusieurs affrontements entre protestataires et militaires à Ayacucho (sud), selon les autorités sanitaires de la région. Un total de 340 personnes ont par ailleurs été blessées depuis le début des protestations, selon le Défenseur du peuple.

Les manifestations les plus virulentes ont lieu dans le sud du pays, où cinq aéroports restent fermés (Andahuaylas, Arequipa, Puno, Cuzco et Ayacucho).

Plus d'une centaine de routes sont bloquées par des protestataires, et le train vers le célèbre site du Machu Picchu a cessé de fonctionner, laissant en rade plusieurs centaines de touristes.

"Nous devons nous battre. Pour que nos enfants ne soufrent pas comme nous souffrons. Le président est Pedro Castillo", a dit à l'AFP Milagros Quispe Diaz, son bébé de cinq mois dans les bras, lors d'une marche en périphérie de Lima qui devait la mener dans le centre où plusieurs organisations avaient appelé à un grand rassemblement.

Avec 2 000 à 3 000 personnes, il a été plus imposant que ceux des derniers jours.

De nombreux policiers et membres des forces armées avaient été déployés pour encadrer la manifestation, qui a été dispersée à coups de gaz lacrymogène en début de soirée.

"Il faut une réponse autoritaire"

"Il faut une réponse énergique, autoritaire" face aux violences, avait lancé le ministre de la Défense, Alberto Otarola, soulignant que l'état d'urgence comprenait "la suspension de la liberté de circuler et de réunion" avec "possibilité de couvre-feu".

Devant la caserne de police où est détenu Pedro Castillo, à Até (est de Lima), nombre de ses soutiens campent et réclament sa libération.

Les adversaires du camp Castillo affirment qu'une partie de son soutien provient du Movadef, l'aile politique du Sentier lumineux, la guérilla maoïste qui a fait des milliers de morts au Pérou dans les années 1980 et 1990.

Le pouvoir tente de faire respecter l'ordre par la force mais aussi d'apaiser le mécontentement en accédant à certaines revendications.

Dina Boluarte, ancienne vice-présidente de Pedro Castillo arrivée au pouvoir après la destitution de ce dernier, a annoncé vouloir à nouveau avancer le calendrier électoral "à décembre 2023".

La nouvelle cheffe de l'État, qui cristallise sur sa personne une partie du mécontentement, s'était déjà engagée dimanche à les avancer de 2026 à avril 2024, sans pour autant enrayer les protestations.

Avec AFP