Berlin fait un pas de plus pour assurer sa sécurité énergétique, alors que l'Europe est en plein bras de fer avec la Russie sur ses hydrocarbures, sur fond de guerre en Ukraine. A partir de 2026, Doha fournira à Berlin "jusqu'à 2 millions de tonnes de GNL par an".
A Doha, ce n'est pas un Allemand qui serre la main du ministre qatari de l'énergie, Saad Al-Kaabi, mais le responsable de la compagnie américaine ConocoPhillips, qui s'occupera des livraisons vers le terminal gazier de Brunsbutell, dans le nord de l'Allemagne.
Ce contrat est le reflet de la situation géopolitique en Europe, avec la guerre en Ukraine qui pèse sur l'UE pour son approvisionnement en hydrocarbures russes, dont les achats sont réduits à la portion congrue, alors que de nombreuses sanctions occidentales visent Moscou. C'est aussi un indicateur de la politique énergétique et commerciale du Qatar, l'un des principaux producteurs de GNL au monde, qui entend bien profiter de la situation à sa manière.
Doha veut ainsi augmenter sa production de gaz naturel liquéfié de 60% au moins d'ici à 2027, avec l'objectif d'atteindre 126 millions de tonnes par an. Il faut dire que c'est une manne dont il faut profiter, et tout de suite : avec la guerre en Ukraine et l'envolée des prix du gaz et du pétrole, les recettes de ses exportations de GNL ont quasiment doublé en 2021.
Mais même si le Qatar développe ou étoffe ses contrats avec des pays occidentaux, ses principaux clients restent en Asie - Chine, Japon et Corée du Sud en tête. La semaine dernière, Doha a ainsi conclu avec Pékin un accord d'une durée record de 27 ans, pour 4 millions de tonnes de GNL par an.