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De violents combats entre milices ont éclaté dans la nuit de vendredi à samedi à Tripoli, la capitale libyenne, secouée par des fusillades et des explosions, et se sont prolongés jusque dans la soirée de samedi, faisant des dizaines de morts et de blessés.
Ils font redouter le pire. Les combats entre milices qui ont éclaté dans la nuit de vendredi 26 à samedi 27 août à Tripoli se sont prolongés dans la soirée de samedi, faisant au moins 23 morts, dont 17 civils, et 140 blessés, selon le dernier bilan officiel. Ces affrontements font craindre une nouvelle guerre en Libye, déjà en plein chaos avec deux gouvernements rivaux.
Six hôpitaux ont été touchés par les frappes tandis que les ambulances n'ont pas pu accéder aux zones de combats, a annoncé le ministre de la Santé.
Les combats entre milices concurrentes, à l'arme légère et lourde, ont éclaté dans plusieurs quartiers de Tripoli (ouest), où des rafales de tirs et des bombardements ont retenti toute la nuit de vendredi et dans la journée de samedi. Ils se sont poursuivis samedi soir, gagnant même de nouveaux quartiers, a constaté un journaliste de l'AFP.
Calme précaire
Quelques heures plus tard, un calme précaire régnait sur la ville dans la nuit de samedi à dimanche. Le chef du gouvernement de Tripoli, Abdelhamid Dbeibah, est ensuite apparu dans une vidéo, entouré de ses gardes, en train de saluer des combattants qui se sont rangés de son côté.
Des médias locaux ont toutefois affirmé samedi qu'une alliance de milices favorables à Fathi Bachagha, chef du gouvernement rival de celui de Tripoli, qui était en route vers la capitale depuis Misrata, à 200 km à l'est de Tripoli, serait sur le chemin du retour.
Les affrontements ont causé d'importants dégâts, selon un journaliste de l'AFP, qui a vu des dizaines de voitures calcinées et des bâtiments criblés de balles ou incendiés.
Les rues de Tripoli étaient quasi désertes samedi soir, mis à part des miliciens, tandis que des colonnes de fumée grisâtre s'élevaient dans le ciel.
"La guerre en milieu urbain a sa propre logique, elle est nuisible à la fois aux infrastructures civiles et aux personnes, donc même s'il n'est pas long, ce conflit sera très destructeur", a analysé pour l'AFP Emadeddin Badi, chercheur au centre de réflexion Global Initiative.
L'ambassade des États-Unis "très préoccupée"
L'ambassade américaine à Tripoli s'est dite "très préoccupée", tandis que la mission de l'ONU en Libye a appelé à un "arrêt immédiat des hostilités" en dénonçant des "affrontements (...) dans des quartiers peuplés de civils".
La Turquie, qui a une présence militaire autour de Tripoli et a aidé les forces de la ville à repousser un assaut en 2020, a appelé à un cessez-le-feu immédiat et a assuré "continuer à soutenir nos frères libyens".
Ces combats sont d'une ampleur sans précédent depuis l'échec en juin 2020 de la tentative du maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l'Est, de conquérir militairement la capitale, au plus fort de la guerre civile ayant suivi la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011.
Le gouvernement basé à Tripoli, dirigé par Abdelhamid Dbeibah, a accusé le Premier ministre rival Fathi Bachagha, basé provisoirement à Syrte (centre) et soutenu par Khalifa Haftar, de "mettre à exécution ses menaces" de s'emparer de la ville. Le bureau des médias de Fathi Bachagha a, en retour, accusé le gouvernement de Tripoli de "s'accrocher au pouvoir", bien qu'il soit "illégitime" selon lui. Il a aussi démenti toute négociation avec son rival en vue d'un accord.
Depuis sa désignation en février par le Parlement siégeant dans l'Est, Fathi Bachagha tente, sans succès, d'entrer à Tripoli pour y asseoir son autorité, menaçant dernièrement de recourir à la force pour y parvenir.
Les tensions entre groupes armés fidèles à l'un ou l'autre des deux dirigeants se sont exacerbées ces derniers mois à Tripoli. Le 22 juillet, des combats y avaient déjà fait 16 morts, dont des civils, et une cinquantaine de blessés.
Avec AFP et Reuters