logo

À six mois du Mondial, l'Afrique du Sud et la Fifa redoutent le revers financier

, correspondante au Cap, Afrique du Sud – À six mois du coup d'envoi de la Coupe du monde de football, les places pour les 64 matches de la compétition peinent à se vendre. En cause : des erreurs de marketing, des différences culturelles et... la crise économique.

A l’approche de la Coupe du monde de football, l’Afrique du Sud est engagée dans une véritable course contre la montre pour remplir ses stades en juin et juillet prochains. La bataille n’est pas gagnée tant les supporteurs semblent jusqu'ici bouder la compétition.

Malgré les efforts des organisateurs locaux et de la Fédération internationale de football (Fifa), la troisième pré-vente de billets, lancée le 5 décembre, s’annonce catastrophique et pourrait bien transformer l’événement sportif mondial en gouffre financier pour la nation Arc-en-Ciel.

Le pays, rongé par la pauvreté, le sida et un taux de chômage de près de 40 %, a dépensé près d'un milliard d’euros dans la construction de nouvelles infrastructures et de cinq nouveaux stades.

Les autorités avaient misé sur la venue de 450 000 supporteurs du monde entier pour renflouer les caisses. Ces prévisions sont aujourd’hui largement revues à la baisse.

La Fifa demande des explications

Pour la Fifa, en revanche, l’édition 2010 de la Coupe du monde représente déjà une véritable manne financière : les sponsors et la vente des droits de retransmission télévisée lui ont d’ores et déjà rapporté 2,1 milliards d’euros.

Cette recette record peine pourtant à lui donner le sourire. Les billets pour les matches ne se vendent ni en Afrique du Sud ni à l’international. La Fédération cache mal sa déception. Son secrétaire général, Jérôme Valcke, a ainsi déclaré, le 2 décembre, que l’hébergement "n’était plus un motif de préoccupation".

Selon lui, le nouvel engouement des supporteurs pour les projections des matches sur les écrans géants installés dans les villes du monde entier explique les faibles ventes de billets. Lors d’une conférence de presse organisée le 4 décembre au Cap pour le tirage au sort des poules, Danny Jordaan, responsable du comité local d’organisation, a été sommé de s’expliquer sur le peu d’intérêt des Sud-Africains pour la Coupe du monde.

Des facteurs culturels

L’intéressé a évoqué des facteurs "culturels", expliquant que les Sud-Africains achètent habituellement leurs billets aux guichets. Il a aussi admis que les méthodes de ventes – sur Internet ou par l'intermédiaire de formulaires remplis dans les banques – n’étaient pas accessibles à une grande majorité de la population. Jérôme Valcke a annoncé la mise en place, dès janvier, de nouvelles méthodes de vente (centre d’appel, guichets).

Les chiffres de la criminalité - l’Afrique du Sud détient le triste record de meurtres - et le prix des billets d’avion rebutent également bon nombre de supporteurs.

Quelque 3,8 millions de billets doivent être vendus pour remplir les 11 stades qui accueilleront les 64 matches de la Coupe du monde. A six mois du coup d'envoi de la compétition, seulement 671 000 billets ont été vendus. Soit seulement 20 % des places.