À trois semaines de l'élection présidentielle, le cartel de narcotraficants Clan del Golfo a bloqué une partie de la Colombie en représailles à l'extradition de son chef "Otoniel". Ils ont fait au moins huit morts – civils, policiers et militaires –, ont annoncé lundi les autorités.
Après l'extradition de leur chef "Otoniel" aux États-Unis, le cartel criminel colombien du Clan del Golfo multiplie les représailles. Ces dernières ont fait au moins huit morts - civils, policiers et militaires- ont annoncé les autorités lundi 9 mai.
Le groupe a lancé, jeudi, une "grève armée" dans plusieurs villes et zones rurales du nord de la Colombie où "trois homicides de civils ont été signalés", rapporte un communiqué du ministère de la Défense colombien. Trois soldats et deux policiers ont également été tués dans cette offensive du groupe criminel, selon l'armée.
Le dernier incident en date a eu lieu lundi, dans la municipalité de Santa Fe (province d'Antioquia), où une "caravane humanitaire" escortée par des militaires a été la cible d'un attentat à l'explosif.
"Un soldat et un membre de la police nationale ont été tués" et quatre autres membres des forces de sécurité ont été blessés, a précisé le commandement militaire dans un communiqué.
Dairo Antonio Usuga David, alias Otoniel, chef du Clan et plus grand narcotrafiquant de Colombie, a été extradé mercredi aux États-Unis. Il a plaidé non coupable devant un tribunal fédéral de Brooklyn des accusations de trafic international de cocaïne qui pèsent contre lui.
Les habitants terrés chez eux
En représailles, et dans une démonstration de force inédite à trois semaines de l'élection présidentielle colombienne, les hommes du Clan del Golfo ont interdit toute activité dans les zones où ils opèrent, dans des centaines de localités de neuf des 32 provinces de Colombie, essentiellement dans le nord du pays.
Via des messages audio relayés sur les réseaux sociaux, ils terrorisent les habitants en leur interdisant de se déplacer ou de se livrer à toute activité, sous peine d'être exécutés, selon le gouverneur de la province de Sucre, Hector Espinosa.
Les narcotrafiquants, armes à la main, ont incendié au moins 190 véhicules, arrêtés un peu partout au hasard sur les routes, y compris sur des grands axes non loin de Medellin, la deuxième ville du pays.
Face à la menace, la majorité des habitants des zones rurales des provinces d'Antioquia, Choco, Cordoba, Sucre et Bolivar – les départements les plus touchés – ont préféré rester chez eux.
Lundi, le président conservateur Ivan Duque a promis une réponse plus ferme contre le Clan del Golfo qui, selon les estimations officielles, exporte entre 30 et 60 % de la cocaïne produite dans le pays. "Ils vont voir un déploiement qu'ils n'ont jamais vu contre cette structure", a affirmé Ivan Duque après un conseil de sécurité à Carepa, dans le département d'Antioquia, dans le nord-ouest du pays.
Avec AFP