Plusieurs dizaines de civils et de combattants maliens d'un groupe armé signataire de l'accord pour la paix dans le nord du Mali ont été tués cette semaine par de présumés jihadistes près de Ménaka (nord-est), selon des sources militaire et sécuritaire. "Le conflit est monté d'un cran" pour Wassim Nasr, spécialiste des mouvement jihadistes de France 24.
En proie à une instabilité chronique depuis 2012, le nord du Mali est particulièrement ensanglanté en ce début de mois de mars : des présumés jihadistes ont tué plusieurs dizaines de civils et de combattants maliens près de Ménaka, dans le nord-est du pays, selon des sources militaire et sécuritaire. Les combattants appartenaient à un groupe armé signataire de l'accord pour la paix dans le nord du Mali de 2015.
"Plusieurs dizaines de civils et de combattants du MSA (Mouvement pour le salut de l'Azawad, issu de l'ex-rébellion principalement touareg) ont été tués en début de semaine par les terroristes dans la région de Ménaka", a déclaré à l'AFP, une source militaire malienne.
Le MSA, basé à Ménaka, est signataire de l'accord de paix dit d'Alger, signé en 2015 sous l'égide du voisin algérien pour mettre fin à l'instabilité dans le nord du pays pris dans la tourmente jihadiste depuis 2012. Selon le MSA, les assaillants sont des membres de l'État Islamique au Grand Sahara (EIGS), affilié au groupe État islamique.
Pour Wassim Nasr, journaliste de France 24 et spécialiste des mouvements jihadistes, "on est monté d'un cran dans ce conflit", selon plusieurs sources locales. "Le MSA est seul face au groupe État islamique dans cette zone. [....] Ils ont été eux même surpris par le nombre d'assaillants cette fois-ci. Les tactiques utilisées lors des attaques sont beaucoup plus élaborées."
Selon une source proche du ministère malien de la Sécurité, qui a confirmé l'information, "les forces de sécurité et de défense (du Mali) s'organisent pour protéger les populations de la région de Ménaka".
Une "hécatombe"
Par ailleurs, un élu de la région de Ménaka, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat a parlé de son côté de "plus d'une centaine de civils et de combattants tués mardi, mercredi et jeudi", à Tamalat et Insinane, deux localités maliennes situées dans la région de Ménaka, frontalière du Niger.
"Une vingtaine de combattants (du MSA) et une quarantaine de civils" ont été tués dans ces incidents, a déclaré vendredi à l'AFP un responsable du MSA, Moussa Acharatoumane.
Un communiqué publié jeudi par un responsable du MSA a précisé de son côté que des "groupes terroristes s'acharnent sans distinction sur tout ce qui bouge (...) n'épargnant dans leur horreur ni femmes, ni enfants, ni vieillards provoquant une véritable hécatombe". Toutefois, le communiqué n'a pas donné pas un bilan précis des attaques.
Le MSA avait publié un premier communiqué mercredi soir, alertant sur "une attaque opérée par une horde d'hommes affiliés à Daesh (État islamique) dans la localité de Tamalat".
Vendredi, des élus de la localité de Ménaka, interrogés séparément par l'AFP, ont affirmé que des combattants du MSA et ceux du Groupe d'auto défense des Imrades et alliés (GATIA, groupe armé pro gouvernement), ont décidé de combattre les assaillants de l'EIGS, qui opèrent essentiellement entre le Mali, le Niger, et le Burkina Faso, dans la zone dite "des trois frontières".
"L'armée malienne n'est pas du tout présente dans cette zone. La sécurité de cette zone dépend du MSA, du CSP et d'autres factions Touareg", explique Wassim Nasr. "L'armée malienne ne demandent plus l'aide l'armée française ou à la minusma.[...] Les retombées de cette attaque vont avoir des retombées au Niger et au Mali".
Avec AFP