La WTA, l'instance qui gère le circuit féminin de tennis, a réaffirmé lundi son "inquiétude" concernant le sort de Peng Shuai, malgré une interview de la joueuse chinoise qui s'exprimait pour la première fois depuis un message explosif.
La star chinoise du tennis, Peng Shuai, a déclaré, dimanche 19 décembre, n'avoir jamais accusé quiconque de l'avoir agressée sexuellement et qu'un message qu'elle avait publié sur les réseaux sociaux avait été mal interprété.
"Tout d'abord, je dois souligner un point extrêmement important, je n'ai jamais dit ni écrit que quiconque m'avait agressée sexuellement. Je dois souligner clairement ce point", a-t-elle dit dans une vidéo publiée dimanche par un média officiel basé à Singapour.
Ces commentaires, effectués en marge d'une compétition de ski de fond organisée à Shanghai à laquelle elle assistait, sont les premiers effectués publiquement par Peng Shuai à propos de l'affaire. Elle a déclaré que son message sur Weibo, l'équivalent chinois de Twitter, était une "affaire privée" et qu'il avait été mal interprété par le public, sans en dire davantage. Peng Shuai a indiqué par ailleurs qu'elle résidait sans surveillance dans son domicile de Pékin.
#PengShuai au naturel, « libérée » et enjouée.
A aucun moment on ne peut penser à une opération de communication. AUCUN. ???????? https://t.co/rkDJRiI6eP
Une pression internationale
Le sort de Peng Shuai, âgée de 35 ans, est devenu une affaire internationale après qu'elle a publié début novembre sur les réseaux sociaux un message dans lequel elle accusait d'agression sexuelle l'ancien vice-Premier ministre chinois Zhang Gaoli, qui a été de 2013 à 2018 l'un des sept hommes politiques les plus puissants de Chine.
Le message avait promptement été effacé par la censure chinoise et l'ex N°1 mondiale du double n'avait plus fait d'apparition en public durant plusieurs semaines, suscitant l'inquiétude du monde du sport, de l'ONU et de plusieurs pays dont les Etats-Unis et la France.
A mesure que la pression internationale s'accroissait sur la Chine, des journalistes chinois avaient tenté de rassurer en publiant des images de Peng Shuai. Une copie d'un e-mail attribué à la joueuse et dans lequel était écrit "tout va bien" avait également été rendu public. Mais l'authenticité des documents avait laissé sceptique la WTA.
Et l'organisation avait annulé début décembre tous ses tournois en Chine, réclamant une enquête transparente sur les accusations de viol présumé de Peng Shuai.
"Ces apparitions n'apaisent pas les inquiétudes de la WTA"
Malgré les propos de la championne, l'association mondiale du tennis professionnel féminin, la WTA, qui a suspendu ses tournois en Chine en raison de son inquiétude pour la sécurité de Peng Shuai, a réitéré lundi ses craintes sur le bien-être de l'ancienne numéro une mondiale endouble et appelé de nouveau à l'ouverture d'une enquête.
"Ces apparitions (publiques) n'apaisent pas les inquiétudes de la WTA quant à son bien-être et sa capacité à communiquer sans censure ni coercition", a indiqué dans un communiqué l'organisation.
Début décembre, la WTA avait annulé tous ses tournois en Chine et réclamé une enquête transparente sur les accusations de la joueuse. L'instance expliquait alors prendre cette initiative en raison, selon son président Steve Simon, de "doutes sérieux" persistants quant à la liberté de mouvement de la joueuse.
Depuis le début, l'affaire est totalement passée sous silence dans les médias chinois. Et les censeurs redoublent d'efforts pour effacer toute allusion au scandale sur les réseaux sociaux. La majorité des Chinois ne sont ainsi pas au courant du scandale et des différents rebondissements de l'affaire, d'autant que la plupart des sites internet de médias étrangers sont bloqués en Chine. Mais l'information circule tout de même via les messageries privées et le bouche-à-oreille.
Avec AFP et Reuters