Le sommet Union européenne-Russie qui se déroule en Suède, ce mercredi, promet d'être tendu. Gaz, Géorgie, droits de l'homme : depuis plusieurs mois, de nombreux dossiers empoisonnent les relations entre Moscou et Stockholm, qui préside l'UE.
AFP - Les responsables de l'Union européenne et de la Russie se retrouvent mercredi pour un sommet en Suède qui se déroulera dans une atmosphère pesante du fait des relations depuis longtemps difficiles entre Stockholm et Moscou sur la Géorgie et les droits de l'homme.
Officiellement, la réunion d'une journée doit être surtout consacrée aux questions énergétiques, alors que les Européens redoutent d'être à nouveau victimes pendant l'hiver d'interruptions de livraisons de gaz russe via l'Ukraine, en raison des difficultés de Kiev à régler ses propres factures.
Un quart du gaz consommé par l'UE provient de Russie, dont 80 % transite par l'Ukraine.
L'UE, représentée notamment par le Premier ministre suédois Fredrik Reinfeldt, qui préside l'UE, et la Russie, qui envoie son président Dmitri Medvedev, doivent signer un accord pour renforcer un "mécanisme d'alerte rapide" visant à prévenir de telles crises.
Mais les Européens demandent que ce système d'échange d'informations soit accompagné "d'assurances politiques claires" que la Russie ne fermera pas son robinet de gaz en cas de conflit avec Kiev. Mais Moscou fait la sourde oreille.
Son représentant auprès de l'UE, Vladimir Tchijov, affirme ne pas être au courant d'une telle requête, qui de toute façon serait selon lui impossible à fournir.
"Des garanties? Il ne serait pas responsable de vouloir donner des garanties à propos de questions dépendant d'un pays tiers", a-t-il dit en référence à l'Ukraine. La Russie invite plutôt l'UE à aider financièrement Kiev à payer ses factures de gaz russes pour prévenir de nouvelles crises.
De manière générale, ce sommet s'est préparé dans un climat difficile en raison des relations traditionnellement tendues entre Moscou et Stockholm.
La Suède a promu cette année avec la Pologne le partenariat oriental de l'UE avec six pays que la Russie considère comme inclus dans sa "sphère d'influence" (Ukraine, Moldavie, Bélarus, Arménie, Azerbaïdjan, Géorgie). Dans le passé, les Suédois n'ont jamais mâché leurs mots sur les droits de l'homme en Russie.
Signe des tensions: les Russes ont un temps refusé que le sommet se tienne à Stockholm, selon des sources suédoises, préférant Bruxelles, jugée plus neutre. Mais M. Reinfeldt a tenu bon.
Moscou en veut toujours aux Suédois pour des critiques exprimées en août 2008 par leur ministre des Affaires étrangères, Carl Bildt, à propos de l'offensive russe en Géorgie: Il avait évoqué Adolf Hitler et son invasion de l'Europe centrale.
Ces propos "n'ont pas aidé, tant pour les relations bilatérales entre la Russie et la Suède que pour l'atmosphère du dialogue entre la Russie et l'UE durant la présidence suédoise", a dit M. Tchijov. Lors du sommet, "j'espère que nous aurons des discussions constructives plutôt qu'un échange échauffé de commentaires critiques".
Un tel scénario n'est toutefois pas certain. Car les Suédois ont dit vouloir insister mercredi sur les droits de l'homme.
"Nous saluons les propos du président Medvedev sur la démocratie et le droits de l'homme mais cela doit être suivi de faits concrets" car "la situation des droits de l'homme est très préoccupante" dans le pays, a estimé la ministre suédoise aux Affaires européennes, Cecilia Malmström.
Les Européens entendent aussi à Stockholm se plaindre de mesures russes récentes qu'ils jugent protectionnistes et demander des clarifications concernant le projet d'union douanière entre la Russie, le Kazakhstan et le Bélarus, qui pourrait compliquer les négociations UE-Russie en cours sur un partenariat renforcé.