Alors que la tension monte à l'est, à la frontière de l'Ukraine où les troupes russes sont massées, la présidente de la Géorgie reste prudente sur la situation. "Personne n'est en mesure de dire si Poutine passera à l'acte ou non", estime-t-elle, même si "sa grande force est de multiplier les provocations".
Des provocations bien connues de la Géorgie, en conflit sanglant avec la Russie en 2008. Salomé Zourabichvili sait que les sanctions économiques brandies par les États-Unis ne sont pas toujours efficaces : "La Russie résiste politiquement aux sanctions parce que le coût pour sa population lui importe peu", déplore-t-elle. C'est donc "l'Union européenne [qui] est contrainte aujourd'hui de prendre davantage sa place".
"Les défis sont énormes aujourd'hui pour l'Europe et ses associés, les voisins de l'Europe et ceux qui, comme nous, sont sur la ligne de l'intégration européenne", assure Salomé Zourabichvili. La présidente géorgienne revient sur la situation en Ukraine et en Russie mais aussi sur le conflit interne à la Biélorussie, et les soucis rencontrés sur son propre territoire. "Sur notre non-frontière avec les territoires occupés par la Russie, c'est constamment que nous avons des otages enlevés, cette espèce de jeu avec une frontière qui n'existe pas, et qu'ils essaient de rendre déstabilisante."
Salomé Zourabichvili aborde également le discours d'Emmanuel Macron, qui présentait jeudi les grandes lignes de la présidence française du Conseil de l'Union Européenne, pour dire "oui" à une défense européenne qui ne soit pas concurrente de l’Otan. "Je pense que nous avons besoin d'une Europe qui ait une volonté politique, c'est ça, la puissance", a-t-elle réagi. "Je note que pour la première fois, l'Union européenne nous donne une assistance financière pour des besoins de défense", applaudit-elle.
L'occasion pour elle de rappeler que la Géorgie a déjà annoncé qu'elle présenterait formellement sa candidature à l'Union européenne en 2024, même si le pays "a encore beaucoup de défis à relever avant". Les polémiques sur l’emprisonnement de Saakachvili et l’autoritarisme du parti au pouvoir Rêve géorgien ? "Moi, je prends un engagement à titre de présidente de la République : c'est de commencer un processus de réconciliation, de vérité et de justice, qui est absolument indispensable pour la Géorgie", conclut-elle.
Émission préparée par Perrine Desplats, Sophie Samaille, Isabelle Romero, Georgina Robertson et Céline Schmitt.