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Îles Salomon : la capitale Honiara sous couvre-feu après trois jours d'émeutes

Le gouverneur général des îles Salomon a annoncé vendredi un couvre-feu nocturne de la capitale Honiara, après trois jours de manifestations et d'émeutes qui ont plongé cet archipel du Pacifique dans le chaos. De son côté, la police locale a eu recours à des tirs de sommation pour empêcher des manifestants d'atteindre la résidence privée du Premier ministre Manasseh Sogavare dont ils exigent la démission.

Un couvre-feu nocturne est entré en vigueur vendredi soir à Honiara, la capitale des Îles Salomon, après une troisième journée d'émeutes.

La police a été contrainte de procéder dans la journée à des tirs de sommation pour disperser des manifestants qui tentaient d'atteindre la résidence privée du Premier ministre Manasseh Sogavare, située à l'est de Honiara, une cité balnéaire habituellement paisible.

La foule a mis le feu à au moins un bâtiment voisin avant d'être repoussée vers le centre-ville, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Des policiers et des soldats australiens, tout juste arrivés sur place, sont rapidement intervenus pour rétablir l'ordre, protéger certains édifices et patrouiller, lourdement armés, dans les rues de la capitale.

Un couvre-feu nocturne a été décrété vendredi soir pour une durée indéterminée par les autorités.

Dans la journée, des milliers de personnes, dont certaines étaient armées de haches et de couteaux, s'en sont prises au quartier chinois et au centre des affaires de la ville, selon des correspondants de l'AFP.

Des bâtiments ont été incendiés et des magasins pillés.

Les émeutes avaient débuté mercredi quand des centaines de personnes ont manifesté pour réclamer la démission du Premier ministre avant de se rendre dans le quartier chinois de Honiara, qui compte 80.000 habitants.

Les causes de ces émeutes sont multiples, parmi elles la colère vis-à-vis du gouvernement, les difficultés économiques aggravées par la pandémie de Covid-19 et la rivalité historique entre les habitants de l'île la plus peuplée du pays, Malaita, et celle de Guadalcanal où est basé le gouvernement.

"Un repas par jour"

"La plupart des gens ont à peine un repas par jour, il n'y a pas de touristes et très peu d'aides économiques", a expliqué à l'AFP Douglas Kelson, chef du service d'ambulance de St John.

"Les gens font des choses qu'ils ne feraient pas normalement quand ils ont faim", a ajouté Douglas Kelson qui dit avoir vu très peu de blessés.

Les premiers membres de la force australienne de maintien de la paix ont été déployés dans la nuit de jeudi à vendredi, quelques heures après l'appel à l'aide lancé par Manasseh Sogavare.

La Papouasie-Nouvelle-Guinée voisine a annoncé vendredi le déploiement de 34 soldats chargés du maintien de la paix.

Après trois jours d'émeutes, de vastes  quartiers de la capitale, témoignaient vendredi des incendies qui ont ravagé certains bâtiments. Moins de feux ont cependant été allumés vendredi par rapport aux deux jours précédents.

"Nous vivons dans la peur", a déclaré à l'AFP Josephine Teakeni, une habitante.

"En ce moment, c'est très dur... les enfants vont manquer l'école, beaucoup de mères vont se retrouver sans emploi".

Le secrétaire général de la Croix-Rouge des Iles Salomon, Clement Manuri, a expliqué que la police australienne a aidé à disperser des émeutiers armés de pierres devant son bureau.

Sentiment d'abandon

Beaucoup de ceux qui sont descendus dans les rues vivaient dans des bidonvilles près du quartier chinois et avaient bu de l'alcool, selon Clement Manuri.

Dans le quartier chinois, un grand entrepôt a été incendié vendredi, provoquant une explosion qui a fait fuir des dizaines de personnes en panique.

La police des Iles Salomon, débordée, a déclaré n'avoir procédé qu'à deux arrestations, bien que deux postes de police figurent parmi les nombreux bâtiments incendiés.

Une centaine de membres de la force australienne de maintien de la paix ont été déployés dans la nuit de jeudi à vendredi, à la demande du Premier ministre.

La Papouasie-Nouvelle-Guinée voisine a annoncé vendredi le déploiement de 34 soldats chargés du maintien de la paix.

Le Premier ministre a affirmé que des puissances étrangères, opposées à la décision prise en 2019 par son gouvernement de ne plus reconnaître diplomatiquement Taïwan mais la Chine, étaient à l'origine de ces troubles.

Selon des experts, ces violences sont alimentées par des décennies de rivalités ethniques entre les habitants de l'île la plus peuplée de Guadalcanal et celle de Malaita, où se situe la capitale administrative de cet archipel de 700 000 habitants.

Les habitants de l'île de Malaita ont le sentiment d'être abandonnés par le gouvernement central et les différends se sont intensifiés quand, en 2019, le gouvernement de Manasseh Sogavare a décidé de plus reconnaître diplomatiquement Taïwan mais la Chine.

Pékin a condamné vendredi ces émeutes et s'est engagé à "assurer la sécurité et les droits et intérêts des citoyens et institutions chinois".

Avec AFP