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États-Unis : trois hommes blancs reconnus coupables pour le meurtre du joggeur noir Ahmaud Arbery

Trois hommes blancs accusés du meurtre du joggeur noir Ahmaud Arbery en 2020 en Géorgie, aux États-Unis, ont été reconnus coupables mercredi, à l'issue d'un procès marqué par la question du racisme. Ils encourent la prison à perpétuité.

Trois Américains blancs ont été reconnus coupables, mercredi 24 novembre, du meurtre du joggeur afro-américain Ahmaud Arbery, qu'ils avaient poursuivi puis abattu en février 2020 dans l'État de Géorgie. Le président Joe Biden a aussitôt salué le verdict, tout en reconnaissant que "beaucoup de travail" restait à faire avant de parvenir à l'égalité raciale.

Travis McMichael, 35 ans et auteur des coups de feu mortels, son père Gregory McMichael, 65 ans, et leur voisin William Bryan, 52 ans et qui a participé à la poursuite en la filmant, étaient jugés à Brunswick en Géorgie, État du sud des États-Unis encore profondément marqué par le racisme et la ségrégation. Ils avaient longtemps bénéficié d'une certaine clémence de la part des autorités : il a fallu près de trois mois et la diffusion des images du drame pour qu'ils soient arrêtés. 

Les douze jurés, dont un seul homme noir, ont délibéré pendant plus de onze heures pour parvenir à un verdict unanime sur les multiples chefs d'inculpation de meurtre à des degrés divers qui pesaient contre les accusés. Les trois hommes encourent la prison à perpétuité et la sentence sera prononcée ultérieurement.

Dans la salle, le père d'Ahmaud, Marcus Arbery, a lancé un cri de joie quand Travis McMichael a été déclaré coupable. À l'extérieur du tribunal, l'annonce de culpabilité a été saluée par des manifestants qui ont scandé le nom d'Ahmaud Arbery.

"Un long combat"

"Cela a été un combat long et difficile", a dit à la foule sa mère, Wanda Cooper-Jones. "Je n'aurais jamais pensé voir ce jour arriver, mais Dieu est bon." Ce verdict montre que "oui, les vies noires comptent", a lancé le pasteur Al Sharpton, figure de la lutte pour les droits civiques des Afro-Américains, en reprenant le célèbre slogan du mouvement antiraciste Black Lives Matter. "L'esprit d'Ahmaud a vaincu la foule de lyncheurs", a pour sa part affirmé l'avocat Ben Crump, qui a défendu les familles de nombreuses victimes de violences policières. 

La procureure Linda Dunikoski a tenu à saluer les parents d'Ahmaud Arbery qui "nous ont fait confiance pour rendre justice" à leur fils.  Alors que de nombreuses questions se posaient sur l'impartialité des jurés, le verdict prouve que "le système du jury fonctionne", a-t-elle dit.

Le 23 février 2020, le jeune homme de 25 ans faisait un jogging dans cette localité côtière du sud-est du pays quand il avait été pris en chasse par les trois hommes à bord de leur voiture. Après une altercation, Travis McMichael avait ouvert le feu et tué le joggeur. Les trois accusés avaient ensuite assuré l'avoir pris pour un cambrioleur opérant dans les environs et avaient invoqué une loi de Géorgie autorisant alors de simples citoyens à procéder à des arrestations.

Loi abrogée

La dimension raciale de cette affaire a été sous-jacente pendant le procès qui a duré plus d'un mois et les observateurs s'inquiétaient des possibles manifestations de colère si les trois hommes ressortaient libres.

L'acquittement la semaine dernière d'un jeune homme blanc, Kyle Rittenhouse, qui avait tué deux personnes en marge de manifestations antiracistes en 2020 dans le Wisconsin, a déjà suscité des remous dans le pays.

L'avocat de Travis McMichael, Jason Sheffield, a assuré après le verdict que son client et son père "croyaient vraiment que ce qu'ils faisaient était la bonne chose à faire".

Le gouverneur de l'État, Brian Kemp, a au contraire estimé qu'Ahmaud Arbery avait été "la victime d'une justice autoproclamée qui n'a pas sa place en Géorgie". Le républicain avait abrogé en mai cette loi sur les arrestations citoyennes, qui datait de la guerre de Sécession.

Les trois hommes n'en ont pas fini avec la justice. Ils sont inculpés pour crime raciste au niveau fédéral et seront jugés une nouvelle fois en février.

Avec AFP