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Les principaux camps de migrants à la frontière polonaise évacués affirme la Biélorussie

Les principaux camps de migrants à la frontière polono-biélorusse ont été évacués par la Biélorussie jeudi. 400 migrants irakiens ont, eux, été rapatriés par Bagdad dans la soirée. 

La Biélorussie a évacué jeudi 18 novembre les principaux camps de migrants à sa frontière avec la Pologne, ce qui pourrait constituer une étape majeure vers une issue à cette crise impliquant également la Russie et l'ensemble de l'Union européenne.

D'après l'agence de presse biélorusse Belta, des migrants qui s'abritaient dans ces camps de fortune érigés dans la forêt ont été emmenés vers un hangar un peu plus éloigné de la frontière. Un porte-parole des douaniers polonais a confirmé que ces camps avaient été évacués.

Par ailleurs, un premier avion transportant plus de 400 migrants irakiens parti de Minsk a atterri jeudi soir à l'aéroport d'Erbil, au Kurdistan d'Irak. 

Au total, 431 "volontaires" irakiens ont été rapatriés jeudi 18 novembre de Minsk vers Bagdad, à bord du Boeing 747 de la compagnie nationale Iraqi Airways, selon le porte-parole du gouvernement de la région autonome du Kurdistan irakien. L'immense majorité des passagers ont désembarqué à Erbil. L'appareil doit redécoller dans la soirée pour Bagdad.

Des milliers de migrants bloqués à la frontière

Plusieurs milliers de migrants, originaires principalement du Proche-Orient, sont toujours bloqués le long de la frontière polonaise, dans l'espoir de gagner l'UE. Mais Varsovie, ainsi que les deux autres voisins européens du Biélorussie, la Lituanie et la Lettonie, refusent les laisser passer.

L'Occident accuse Minsk d'avoir orchestré depuis l'été cet afflux de migrants, en riposte à des sanctions occidentales prises contre le régime d'Alexandre Loukachenko après la répression en 2020 d'un mouvement d'opposition.

Signe que la situation reste tendue, les forces de sécurité polonaises ont arrêté une centaine de migrants alors qu'ils tentaient de franchir la frontière dans la nuit du mercredi 18 au jeudi 19 novembre. "Un groupe d'environ cent migrants a été arrêté par les services polonais", a indiqué le ministère, accusant les Biélorusses d'avoir "forcé les migrants à jeter des pierres sur les soldats polonais afin de détourner leur attention".

Une vidéo diffusée par le ministère de la Défense montre des soldats polonais entourant un groupe important de migrants accroupis par terre la nuit dans une forêt près d'une barrière de fils de fer barbelés.

Selon le gouvernement biélorusse "environ 7 000" migrants se trouvent actuellement dans le pays, dont quelque 2 000 à la frontière avec la Pologne.

La porte-parole de la présidence biélorusse Natalia Eïsmont a affirmé que Minsk allait œuvrer au rapatriement de 5 000 migrants, assurant que la chancelière allemande Angela Merkel allait, de son côté, négocier avec l'Union européenne un "corridor humanitaire" pour évacuer les 2 000 restants vers l'Allemagne, mais Berlin a nié ces affirmations, assurant au contraire ne pas avoir négocié de corridor humanitaire avec le président biélorusse.

"Mépris permanent pour le droit international"

Le président français Emmanuel Macron a répété sa "pleine solidarité avec la Pologne" dans la crise migratoire avec la Biélorussie, après s'être entretenu jeudi avec son homologue polonais Andrzej Duda et le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki. Le chef de l'État a aussi "réaffirmé la nécessité pour l'Europe de maintenir la pression sur Alexandre Lukashenko" afin de mettre "fin à cette instrumentalisation qui place de nombreuses personnes en danger".

Dans un communiqué, les grandes puissances du G7 ont appelé jeudi Minsk à mettre fin "immédiatement" à la crise migratoire en cours aux frontières de l'UE, accusant le pays de chercher à "détourner l'attention" de violations du droit international et des droits humains.

Les chefs de la diplomatie du Royaume-Uni (qui occupe la présidence tournante du G7), de France, des États-Unis, du Canada, d'Allemagne, d'Italie, du Japon et de l'Union européenne "condamnent l'orchestration par le régime biélorusse de l'immigration illégale à travers ses frontières".

"Nous demandons au régime de cesser immédiatement sa campagne agressive et d'exploitation afin d'éviter de nouvelles morts et de nouvelles souffrances", déclarent-ils.

"Les actes du régime biélorusse constituent une tentative de détourner l'attention de son mépris permanent pour le droit international, les libertés fondamentales et les droits humains, y compris ceux de son propre peuple", écrivent-ils.

Les pays du G7 demandent à Minsk d'accorder aux organisations internationales "un accès immédiat et sans entrave pour livrer de l'aide humanitaire". Ils expriment leur "solidarité" avec la Pologne, la Lituanie et la Lettonie victimes selon eux "d'un usage provocateur de l'immigration illégale".

"Discussions techniques"

Isolé sur la scène internationale, Minsk a affirmé mercredi que les discussions entre Angela Merkel et Alexandre Loukachenko, qui se sont entretenus à deux reprises cette semaine, avaient abouti à un accord sur l'organisation de pourparlers Biélorussie-UE.

Mais cette annonce a été immédiatement nuancée par Berlin et la Commission européenne, qui ont évoqué une coopération entre Minsk et l'UE pour fournir une aide humanitaire aux migrants coincés à la frontière par des températures glaciales.

Le gouvernement polonais a, lui, mis en garde contre tout accord sur la crise qui pourrait être conclu "au-dessus de nos têtes".

La Russie a salué le dialogue direct entre l'UE et la Biélorussie et nié toute implication dans cette crise.

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Avec AFP