Pour convaincre des Français réticents à l'idée de se faire vacciner contre la grippe A(H1N1), la ministre française de la Santé, Roselyne Bachelot, a donné l'exemple, ce jeudi, devant les caméras de télévision.
Une petite piqûre dans le bras pour une grande opération de communication. Devant une meute de journalistes convoqués dans le 14e arrondissement de Paris, Roselyne Bachelot s’est fait vacciner contre la grippe A(H1N1), ce jeudi, donnant le coup d’envoi à la vaste campagne de vaccination de la population française.
"C’est un moyen de protéger mes proches et mes collaborateurs", a déclaré la ministre de la Santé, tout sourire, devant les caméras. "Les vaccins sont sûrs, ils ont été testés", a-t-elle ajouté.
Si Roselyne Bachelot ne ménage pas ses efforts pour inciter les Français à l'imiter, il n'est pas sûr que cela suffise. Un récent sondage révèle, en effet, que 76 % d’entre eux ne souhaitent pas se faire vacciner. "Les Français sont méfiants, car ils n’ont pas pris la mesure des risques du virus, explique-t-elle. Il faut savoir que la grippe n’est pas comme les autres, qu’elle peut aussi atteindre gravement les personnes en bonne santé", tente-t-elle de convaincre.
Si les Français se méfient à ce point, c’est que les effets secondaires des adjuvants présents dans le vaccin - une substance censée en optimiser les effets immunitaires - restent peu connus. Un vaccin dépourvu de cette substance est d'ailleurs prescrit aux femmes enceintes.
Priorité aux personnes à risque
Cette campagne de vaccination, la plus grande jamais lancée dans le pays, concerne les quelque six millions de personnes à risque - individus de composition fragile et entourage des nourrissons de moins de six mois, notamment.
Le gouvernement a mis en place 1060 centres de vaccination collectifs sur l'ensemble du territoire. Paris en compte douze. L’Assurance maladie table sur la visite de 300 personnes par jour dans chaque centre de la capitale.
Dans celui situé dans le 13e arrondissement - un gymnase transformé en centre de vaccination grâce à des cloisons en carton, des tables et des chaises -, un peu plus de 80 personnes se sont présentées, bon de vaccination en main.
Équipé d’une assistance respiratoire, Bernard attend de rencontrer l’un des deux médecins présents. Une bonne trentaine de personnes le précède. "J’ai reçu ma ‘convocation’ lundi. J’ai voulu me faire vacciner le plus rapidement possible, explique celui-ci. En fait, je suis un peu préoccupé par les effets secondaires des adjuvants. Mais, compte tenu de mon état de santé, je pense que je cours plus de risques en attrapant la grippe qu’en me faisant vacciner."
À l’autre bout de la file, Jacques, qui attend depuis près d'une heure, touche enfin au but. "Ils auraient dû réquisitionner plus de docteurs !", peste-t-il avant de disparaître derrière une cloison en carton.
Si le centre n'est pas pris d’assaut, son personnel ne chôme pas. "Ça n’a pas désempli depuis l’ouverture [midi, ndlr], raconte Nathalie. Mais, aujourd’hui, cette journée n'est peut être pas très représentative, car les gens qui se sont déplacés ont des pathologies et ont tout intérêt à se faire vacciner", ajoute-t-elle.
Reste que la première campagne de vaccination lancée le 20 octobre, à destination des professionnels de santé, a connu un succès très relatif. Selon des chiffres avancés par Roselyne Bachelot, 100 000 des 800 000 personnes concernées seulement se sont fait vacciner.