Une délégation du Conseil de sécurité est arrivée samedi à Bamako pour inciter le Mali à revenir à un pouvoir civil après deux putschs en neuf mois, dans une région en proie aux violences jihadistes et intercommunautaires.
Une délégation du Conseil de sécurité de l'ONU est arrivée, samedi 23 octobre, à Bamako pour pousser le Mali à revenir à un pouvoir civil après deux putschs en neuf mois, dans une région en proie aux violences jihadistes et intercommunautaires.
La délégation, accueillie par le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, est co-dirigée par l'ambassadeur du Niger auprès des Nations Unies, Abdou Abarry, et son homologue français Nicolas de Rivière, et comprend notamment l'ambassadrice américaine à l'ONU Linda Thomas-Greenfield.
Elle doit rencontrer samedi et dimanche les autorités maliennes, des représentants de la société civile et des groupes armés signataires de l'accord de paix de 2015, selon le programme officiel.
La délégation inclut également des représentants de la Chine, de l'Inde, de la Russie et des États-Unis. Les 15 représentants rencontreront "des membres de haut rang du gouvernement de transition du Mali et des groupes de la société civile qui travaillent au renforcement des institutions démocratiques du Mali", ont déclaré les États-Unis.
"Tensions palpables" entre les signataires de l'accord de paix
Parallèlement, une délégation de la junte malienne dirigée par le ministre de la Réconciliation nationale, le colonel Ismaël Wagué, a rencontré vendredi et samedi à Alger des chefs de ces groupes armés, indique la médiation algérienne dans un communiqué, sans précision sur ces groupes.
La rencontre "était extrêmement importante dans la mesure où elle intervient à un moment où les tensions étaient palpables entre les différentes parties signataires de l'accord" de paix, a dit, sans autres détails, le colonel Wagué, cité samedi par l'agence officielle algérienne.
La visite du Conseil de sécurité au Mali a lieu au moment où les autorités de la transition affichent ouvertement leur volonté de reporter l'élection présidentielle prévue le 27 février - une date imposée par la Communauté des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) - pour un retour à un pouvoir civil. Le Conseil de sécurité de l'ONU veut un respect des délais électoraux, après les deux putschs d'août 2020 et de mai 2021.
Quelques heures avant l'arrivée de la délégation onusienne, l'ONG Human Rights Watch (HRW) a appelé l'ONU à faire pression sur les autorités maliennes pour l'ouverture d'enquêtes sur des exécutions et des disparitions imputées aux forces de sécurité.
Après le Mali, la délégation du Conseil de sécurité se rendra dimanche au Niger voisin, dont l'ambassadeur à l'ONU codirige ce déplacement avec son homologue français.
Critiques et reproches entre la France et le Mali
Ces derniers mois, les relations entre Bamako et Paris n'ont cessé de se dégrader. Le 5 octobre, Emmanuel Macron avait appelé à ce "que l'État revienne" au Mali, dans un contexte de fortes tensions avec le pays sahélien, où la France est en train de réduire son dispositif militaire.
"Il faut que l'État revienne avec sa justice, son éducation, sa police partout, en particulier au Mali", où des pans entiers de territoire restent livrés à eux-mêmes face aux jihadistes, aux tensions intercommunautaires et aux trafics, avait-il-dit. Ces propos avait poussé le ministère malien des Affaires étrangères à convoquer l’ambassadeur de France.
Lors de l'assemblée générale de l'Organisation des Nations unies (ONU), le Premier ministre malien Choguel Maïga avait, en outre, reproché à la France d'abandonner le Mali dans la lutte contre les groupes islamistes avec sa décision de retrait de la force Barkhane. Il avait aussi déploré un "manque de concertation" et une annonce "unilatérale" sans coordination tripartite avec l'ONU et le gouvernement malien.
Le président français avait alors répondu en qualifiant, jeudi dernier, de "honte" les accusations d'"abandon en plein vol" du Mali par la France. "Cela déshonore ce qui n'est même pas un gouvernement" issu de "deux coups d'État", avait déclaré le chef de l'État français.
Avec AFP