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La Chambre des représentants américaine a ouvert samedi un débat historique sur la réforme du système de santé qui doit être voté dans la foulée. Pour mettre toutes les chances de son côté, Barack Obama a fait le déplacement au Capitole.

REUTERS - Barack Obama a exhorté samedi la Chambre des représentants à adopter sa réforme du système de santé alors qu'un vote sur le texte pourrait avoir lieu dans la journée.

Après une rencontre avec les représentants démocrates au Capitole, le président américain a déclaré qu'il "était temps de finir le travail".

"J'exhorte les membres du Congrès à se montrer à la hauteur du moment, à répondre à l'appel de l'histoire et à voter 'oui' à la réforme de l'assurance maladie pour l'Amérique", a-t-il déclaré dans la roseraie de la Maison blanche.

Priorité de Barack Obama sur le plan intérieur, cette réforme serait sans précédent dans l'histoire du secteur de la santé depuis l'introduction, en 1965, du programme Medicare à destination des personnages âgées.

"Nous allons faire l'histoire avec notre vote. Nous allons voter la réforme du système de santé", a déclaré pour sa part la présidente démocrate de la Chambre, Nancy Pelosi.

Les chefs de file de la majorité démocrate prédisent un vote serré même s'ils pensent que le seuil des 218 voix requises pour valider leur propre version de la réforme devrait être atteint.

L'objectif est a priori aisé, le parti du président disposant de 258 élus à la Chambre des représentants, mais la discipline de parti n'est pas toujours de mise chez les parlementaires américains et plusieurs dizaines de démocrates modérés pourraient faire défaut.

Ils s'inquiètent notamment du coût de la réforme, estimée autour de 1.000 milliards de dollars, et de son impact potentiel sur les déficits budgétaires.

RISQUE POLITIQUE

L'avortement est aussi au centre du débat qui agite les rangs démocrates. Dans la nuit de vendredi à samedi, des discussions se sont déroulées à ce sujet dans le bureau de Nancy Pelosi et ont abouti à un compromis permettant aux parlementaires démocrates inquiets, qui menaçaient de rejeter le projet de loi, de défendre des amendements restreignant l'usage de fonds fédéraux à des fins d'IVG.

Les républicains, minoritaires, sont, eux, unis dans leur opposition à la réforme voulue par Obama.

En s'attaquant à ce chantier, que Bill Clinton avait ouvert au début de son premier mandat en 1993 avant de devoir jeter l'éponge, Barack Obama entend réduire les coûts de la santé, qui ont représenté 16% du PIB en 2007, un taux sans équivalent parmi les pays de l'OCDE.

Il veut aussi étendre l'assurance maladie à ceux qui en sont actuellement privés et modifier les pratiques des compagnies d'assurance en leur interdisant notamment de refuser de couvrir des personnes à risque.

"J'ai davantage confiance en notre possibilité de réunir le nombre de voix nécessaires pour l'adopter. Des élus qui semblaient ne pas vouloir voter le projet de loi s'y rallient", note Henry Waxman, président démocrate de la commission de l'Energie et du Commerce.

Mais le vote n'en est pas moins un risque politique pour Obama. Si les représentants adoptent la réforme, ce sera un formidable obstacle franchi et l'attention se reportera sur le Sénat, où les démocrates sont également majoritaires et qui travaillent à leur propre version de la réforme.

Un échec en revanche, et le président américain perdrait une large part de son capital politique.

Le projet de réforme de la Chambre des représentants rendrait obligatoire la couverture maladie pour tous les foyers et contraindrait tous les employeurs, à l'exception des très petites entreprises, à offrir une assurance santé à leurs salariés. En contrepartie, des aides fédérales seraient versées pour financer ces assurances.

D'après les spécialistes budgétaires du Congrès, sa mise en oeuvre étendrait la couverture maladie à 36 des quelque 47 millions de personnes actuellement démunies d'assurance santé aux Etats-Unis. Elle réduirait aussi le déficit budgétaire d'une centaine de milliards de dollars sur dix ans.