À l'issue d'un sommet des pays de l'Afrique australe, le Premier ministre zimbabwéen a annoncé qu'il mettait fin à trois semaines de boycott du gouvernement d'union nationale qu'il forme avec le président Robert Mugabe.
AFP - Un mini-sommet de l'Afrique australe a relancé jeudi le gouvernement d'union nationale du Zimbabwe, le Premier ministre Morgan Tsvangirai ayant accepté de reprendre le travail avec le président Robert Mugabe après trois semaines de paralysie.
"Nous avons suspendu notre retrait du gouvernement", a annoncé M. Tsvangirai à l'issue de ce sommet de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC) organisé dans la capitale du Mozambique, Maputo.
Les différentes parties du gouvernement d'union vont discuter pendant les quinze prochains jours des points litigieux qui empoisonnent leurs relations, a-t-il dit aux journalistes.
"Toutes les questions devront être résolues dans les 30 jours", a-t-il poursuivi, sans préciser quelle attitude il adopterait en cas d'échec.
Robert Mugabe, 85 ans et au pouvoir depuis l'indépendance du Zimbabwe en 1980, a pour sa part quitté les lieux sans faire de commentaire.
Les anciens rivaux ont formé en février une coalition pour sortir leur pays d'une grave crise née de la défaite historique du parti présidentiel aux élections générales de mars 2008.
Ils ont collaboré pendant huit mois et obtenu des avancées, notamment économiques avec la fin d'une hyperinflation record, un meilleur approvisionnement alimentaire et l'amorce d'un retour des donateurs internationaux.
Mais le climat est toujours resté tendu entre les anciens ennemis.
Outre plusieurs accrochages sur la nomination de hauts responsables ou l'utilisation des fonds alloués au pays, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC) de M. Tsvangirai n'a cessé de dénoncer la poursuite de la répression contre ses membres.
A la mi-octobre, le renvoi en détention sous une accusation de terrorisme du trésorier du MDC, Roy Bennett, vice ministre désigné de l'Agriculture, avait fait déborder le vase. Morgan Tsvangirai avait suspendu tout contact avec le camp présidentiel, jugé "peu digne de confiance".
Il avait alors entamé une tournée régionale pour convaincre les leaders de la SADC, garante de l'accord de partage du pouvoir, de faire pression sur le président Mugabe pour qu'il change d'attitude.
Des ministres de la région, puis le chef d'Etat de la République démocratique du Congo (RDC) Joseph Kabila - qui préside actuellement la SADC - s'étaient rendus à Harare pour rencontrer les acteurs politiques.
Ils avaient décidé de convoquer un sommet de l'organe de sécurité du bloc régional jeudi à Maputo, auquel ont participé les présidents mozambicain Armando Guebuza, sud-africain Jacob Zuma et le roi Mswati II du Swaziland.
Les présidents zambien Rupiah Banda et congolais Joseph Kabila, dont la présence avait été annoncée, ont en fait été représentés par de hauts responsables.
"Le sommet appelle les parties à respecter complètement l'esprit et la lettre de l'Accord de partage du pouvoir (...) et à ne pas laisser la situation se détériorer", selon le communiqué final lu par le secrétaire général de la SADC Tomaz Salomao dans la soirée.
Le sommet a également confié à l'Afrique du Sud la mission de faciliter le dialogue entre les partenaires. Pretoria doit "évaluer les progrès" accomplis au cours du prochain mois et "faire un rapport" à l'organe de sécurité de la SADC.
Interrogé sur les mesures possibles en cas d'impasse, le président Guebuza a botté en touche. "Je ne sais pas ce qu'il y aura dans cette évaluation, donc je ne peux rien dire", a-t-il répondu. "Mais je pense que les choses vont bouger au cours des 30 prochains jours."