Après une réévaluation du risque sanitaire, les États-Unis ont décidé, mardi, d'assouplir les mises en garde pour les voyages des Américains vers près de 60 pays, dont la France, l'Allemagne et le Japon.
Les États-Unis ont assoupli, mardi 8 juin, leur avertissement aux voyageurs souhaitant se rendre dans plusieurs pays dont la France, après réévaluation du risque lié au Covid-19 et alors que les Européens réclament de leur côté la réouverture des frontières américaines à la faveur des progrès de la vaccination.
De nombreux pays européens, dont l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne, profitent de cette embellie juste avant la visite du président américain Joe Biden en Europe. Ainsi que le Japon, à un mois et demi des Jeux olympiques, ou encore le Canada et le Mexique, les deux voisins des États-Unis.
En tout, près de 60 pays qui étaient frappés par la mise en garde maximale de niveau 4 ("ne pas s’y rendre") en raison de la crise sanitaire sont ramenés au niveau 3 ("éviter de s’y rendre si possible"), a annoncé la diplomatie américaine dans un communiqué. Une vingtaine d’autres États descendent eux d’un cran aux niveaux 2 ou 1.
Un responsable du département d’État américain a expliqué à l’AFP les assouplissements par un "changement méthodologique" dans l’analyse du risque sanitaire pour les voyageurs réalisée par les Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC).
En avril, le département d’État avait annoncé qu’il allait classer près de 80 % des pays du monde au niveau 4, pour harmoniser ses avertissements aux voyageurs avec ceux des CDC et mieux prendre en compte le risque épidémiologique.
L'UE réclame la réciprocité
Ce revirement augure-t-il d’un changement de pied de Washington au sujet des frontières américaines, fermées depuis mars 2020 aux non-Américains et non-résidents en provenance de l’espace Schengen, d’Irlande et du Royaume-Uni ?
Il intervient en tout cas au moment où l’Union européenne décide d’autoriser l’entrée aux voyageurs américains vaccinés contre le Covid-19 et demande la réciprocité aux États-Unis.
"Nous accueillons déjà des touristes américains à partir du moment où ils sont vaccinés, à partir du moment où ils ont eu les deux doses et qu’on a attendu le délai de 15 jours. J’insiste que nous voulons la réciprocité", a déclaré lundi le commissaire européen chargé du Marché intérieur, Thierry Breton, promettant d’en parler avec les autorités américaines.
Au-delà des touristes, la fermeture des frontières qui, côté américain, concerne aussi la Chine, l’Iran, le Brésil, l’Afrique du Sud et l’Inde, a suscité de nombreux drames personnels, séparant des milliers de familles, parfois depuis plus d’un an.
Washington a jusqu’ici toujours invoqué la "science" pour justifier le maintien de cette fermeture – surtout lorsque la campagne de vaccination aux États-Unis avait une bonne longueur d’avance sur celle des pays européens. Récemment, toutefois, la vaccination s’est accélérée aussi dans l’UE, où le nombre de cas de coronavirus est en nette baisse.
Et l’assouplissement des avertissements aux voyageurs suggère que la "science" – en tout cas ses représentants au sein de l’administration américaine – a revu à la baisse le risque lié au Covid-19 en cas de déplacement dans de nombreux pays, notamment européens.
Une question au menu du G7
La question devrait être soulevée face à Joe Biden lors de son déplacement au Royaume-Uni pour le sommet du G7 et à Bruxelles lors d'une réunion avec les dirigeants de l’UE.
"Nous avons très clairement entendu le désir de nos amis en Europe et au Royaume-Uni de pouvoir rouvrir les voyages transatlantiques, et nous le souhaitons aussi. Mais nous devons suivre la science et les recommandations de nos professionnels de santé publique", avait assuré lundi le conseiller de la Maison Blanche pour la sécurité nationale, Jake Sullivan. "Donc nous discutons activement avec eux pour définir le calendrier."
"L’administration Biden se rend compte qu’à l’approche du sommet avec l’UE, elle va devoir s’occuper de ce dossier alors que ce n’était pas à l’agenda de la Maison Blanche, en raison de la demande européenne de réciprocité et de la pression des compagnies aériennes qui veulent voir le trafic transatlantique reprendre", analyse Célia Belin, politologue à la Brookings Institution à Washington, qui avait appelé la semaine dernière le président américain à un "geste fort" en ce sens lors de son voyage en Europe.
Avec AFP