
(Illustration) Le président russe Vladimir Poutine reçoit l'émissaire américain Steve Witkoff au Kremlin le 6 août 2025. © Gavriil Grigorov, AP
C'est une rencontre très attendue. L'émissaire américain Steve Witkoff et le gendre de Donald Trump, Jared Kushner, doivent rencontrer le président russe Vladimir Poutine mardi 2 décembre à Moscou pour des pourparlers très attendus sur l'Ukraine, visée en novembre par une hausse de bombardements russes.
La veille, Washington s'est dit "très optimiste" malgré l'intransigeance persistante du dirigeant russe, presque quatre ans après le lancement de l'offensive de Moscou.
Le chef de l'Otan, Mark Rutte, s'est dit convaincu mardi que les efforts américains en Ukraine "finiront par rétablir la paix en Europe". Ce conflit est le plus meurtrier en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.
Le gendre de Donald Trump, Jared Kushner, participera à la réunion entre Vladimir Poutine et Steve Witkoff, a dit le Kremlin qui a précisé que la rencontre débuterait "après 17 h (14 h GMT, ndlr)".
De son côté, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, sous forte pression politique et diplomatique, a accusé la Russie d'utiliser les pourparlers actuels pour tenter "d'affaiblir les sanctions" visant Moscou.
Les États-Unis ont annoncé fin octobre des sanctions contre deux géants du secteur des hydrocarbures russes, Rosneft et Lukoil, les premières sanctions d'importance prises par Donald Trump contre la Russie depuis son retour au pouvoir.
Le dirigeant ukrainien, en visite mardi en Irlande, a reçu lundi à Paris un soutien appuyé de son homologue français, Emmanuel Macron, qui a réaffirmé la mobilisation des Européens pour obtenir "une paix juste et durable".
Des "progrès significatifs"
S'il a salué "l'effort de médiation" des États-Unis, Emmanuel Macron a estimé qu'il n'y avait "pas aujourd'hui à proprement parler un plan qui soit finalisé". À l'issue de ces échanges, Emmanuel Macron s'est entretenu au téléphone avec Donald Trump sur "la dimension centrale des garanties de sécurité nécessaires pour l'Ukraine", selon la présidence française.
Les Européens espèrent que l'administration Trump, soupçonnée de complaisance vis-à-vis de Vladimir Poutine, ne sacrifiera pas l'Ukraine, considérée comme un rempart face à la Russie.
Selon une conversation téléphonique révélée fin novembre par Bloomberg, Steve Witkoff a donné des conseils à Iouri Ouchakov, conseiller diplomatique du président russe, sur la manière d'introduire auprès du président américain un plan de règlement du conflit en Ukraine.
Le président ukrainien a affirmé lundi s'attendre à présent "à une discussion avec le président des États-Unis sur des questions clés", après que le négociateur ukrainien Roustem Oumerov a fait état de "progrès significatifs" sur le projet de plan américain, bien que des "ajustements" soient encore nécessaires.
Ces discussions se sont déroulées alors que les forces russes ont réalisé en novembre leur plus grosse progression sur le front en Ukraine depuis un an, selon l'analyse par l'AFP des données fournies par l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW), qui travaille avec le Critical Threats Project (CTP, émanation de l'American Enterprise Institute), deux think tanks américains spécialisés dans l'étude des conflits.
En un mois, la Russie a pris 701 km2 aux Ukrainiens, la deuxième avancée la plus importante après celle de novembre 2024 (725 km2), en dehors des premiers mois de guerre au printemps 2022.
"Encore du travail"
La Russie a revendiqué lundi la prise de la ville de Pokrovsk dans l'est de l'Ukraine, un nœud logistique clé pour Kiev, ainsi que celle de Vovtchansk, dans le nord-est. Mais l'Ukraine a affirmé mardi que les combats à Pokrovsk se poursuivaient.
En novembre, la Russie a tiré plus de missiles et de drones lors de ses attaques nocturnes sur l'Ukraine que durant le mois précédent, soit un total de 5 660 missiles et drones longue portée (+2 %).
En interne, le président ukrainien est affaibli par un vaste scandale de corruption qui a contraint son puissant chef de cabinet, Andriï Iermak, à la démission vendredi.
La semaine s'annonce "cruciale" pour l'Ukraine, a estimé la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne, Kaja Kallas, qui dit "craindre que toute la pression soit exercée sur le côté le plus faible, car la reddition de l'Ukraine, c'est la manière la plus facile de mettre fin à cette guerre".
Les États-Unis ont présenté il y a dix jours un premier projet en 28 points très favorable à Moscou, rédigé sans les alliés européens de Kiev et censé mettre fin au conflit déclenché par l'offensive russe contre l'Ukraine en février 2022.
Washington a ensuite amendé ce projet avec Ukrainiens et Européens, avant de le retravailler en bilatéral avec les Ukrainiens dimanche en Floride. Les discussions américano-ukrainiennes ont été jugées "productives" par les deux parties, mais le secrétaire d'État Marco Rubio a prévenu qu'"il restait encore du travail".
Avec AFP
