
Ayachi Hammami (à gauche) et les avocats et défenseurs des droits humains Chawki Tabib devant le tribunal de Tunis, le 13 mai 2024. © Fethi Belaid, AFP
Célèbre figure de l'opposition de gauche, l'avocat tunisien Ayachi Hammami – condamné vendredi en appel à cinq ans de prison dans le méga-procès de "complot contre la sûreté de l'État" – a été arrêté mardi 2 décembre, a indiqué à l'AFP son avocat.
Militant des droits humains sous les régimes de Habib Bourguiba et Zine El Abidine Ben Ali, cet opposant respecté avait vu sa peine réduite de 8 à 5 ans la semaine dernière.
Il avait comparu libre, aux côtés d'une quarantaine d'opposants et personnalités accusés de "complot contre la sûreté intérieure et extérieure de l'État" et "adhésion à un groupe terroriste".
"Ils ne lui ont pas laissé le temps de casser l'appel" par un recours devant la Cour de Cassation, a indiqué son avocat Amine Bouker, précisant qu'il aurait normalement dû disposer de 10 jours pour déposer un pourvoi.

"Une décision politique"
"C'est une décision politique prise par Kaïs Saïed et son gouvernement d'emprisonner des dizaines et dizaines de Tunisiens", a affirmé Ayachi Hammami dans une vidéo préparée à l'avance en cas d'arrestation. "C'est la réponse de (Saïed) pour résoudre nos problèmes dans l'éducation, les transports, la santé et d'autres domaines. Il ne fait que stigmatiser ceux qui ne sont pas d'accord avec lui", a ajouté Ayachi Hammami dans sa publication sur Facebook.
Âgé de 65 ans, Ayachi Hammami a été ministre chargé des droits humains et des relations avec les instances constitutionnelles et la société civile pendant six mois en 2020.
Son arrestation intervient quatre jours après l'arrestation d'une autre figure politique, l'opposante et poétesse Chaïma Issa, lors d'une manifestation contre la politique du président Kaïs Saïed organisée au centre de Tunis.
Depuis le coup de force du président Saïed à l'été 2021 par lequel il s'est octroyé les pleins pouvoirs, des ONG tunisiennes et étrangères déplorent un recul des droits et libertés en Tunisie, berceau du Printemps arabe en 2011.
Des dizaines d'opposants, avocats, journalistes, humanitaires, sont détenus pour des accusations de complot contre l'État ou en vertu d'un décret sur les fausses informations.
Avec AFP
