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Des scientifiques pressent les dirigeants du monde entier d’accélérer sur l’adoption d’un traité en faveur de la haute mer, ces vastes zones océaniques qui ne sont placées sous l’autorité d’aucun État. Un texte permettrait de les protéger contre des risques environnementaux de plus en plus préoccupants.

Des océanologues et des scientifiques ont publié une pétition cette semaine réclamant la signature d’un traité pour protéger la haute mer, alors que les négociations aux Nations unies, entamées en 2017, doivent s’achever cette année.

Un traité permettrait en effet de protéger les océans profonds, refuges d’une faune aquatique encore largement méconnue, et dont la survie est de plus en plus menacée par l’empiètement des activités humaines. Pollution, surpêche, réchauffement climatique et exploitation d’hydrocarbures mettent à mal ces écosystèmes fragiles situés au-delà des 200 milles marins et des frontières nationales.

Alors que la haute mer couvre un peu plus de la moitié de la surface du globe, et produit la moitié de l’oxygène que nous respirons, seul 1 % de son territoire est protégé.  

Nichola Clark, de l’ONG Pew Charitable Trusts, co-signataire de cet appel, souhaite que la haute mer soit mieux prise en compte dans un projet de traité global de protection des océans.

"Pour la grande majorité de la haute mer, il n’y a pas de mécanisme qui permet à un gouvernement de créer une aire marine protégée. C’est extrêmement problématique", explique-t-elle dans une interview réalisée en amont de la Journée mondiale des océans, le 8 juin. 

Tensions en haute mer

Cette absence de gouvernance des océans rend les négociations particulièrement difficiles en vue de la signature d’un traité. 

Certains pays plaident pour commencer à identifier de potentielles aires marines protégées (AMP) avant de prendre des mesures juridiquement contraignantes.

La haute mer, comme l’espace, n’appartient à personne. Sans législation internationale pour définir les modalités de gouvernance de ces zones, préserver la biodiversité marine s’avère une tâche éminemment complexe.

David Azoulay, avocat spécialiste de l’environnement et directeur du programme Santé et environnement au Center for International Environmental Law (CIEL), explique que les négociations butent sur les intérêts divergents des gouvernements et des industriels. 

Selon lui, une réglementation pour protéger la haute mer devra aussi prendre en compte la question de l’exploitation minière en eaux profondes. Or, ces forages sont situés au-delà de la juridiction des États.

"Les enjeux sont très importants. C’est un sujet complexe et technique qui souffre d’un manque d’intérêt de l’opinion publique et de contrôle sur le processus de négociation".

Le plastique relance le débat

Les discussions à l’échelle internationale sur la préservation des océans se poursuivent depuis plus d’une décennie mais ont souvent été éclipsées par d’autres enjeux climatiques mieux identifiés par le grand public.

Cependant, David Azoulay assure que la problématique de la pollution plastique a relancé l’intérêt et la mobilisation pour la préservation des océans avec de vastes campagnes publicitaires, mais aussi des actions concrètes, notamment en faveur du recyclage.

À titre d’exemple, l’Union européenne a rappelé l’importance de préserver la santé des océans et a annoncé vouloir rendre tous les emballages plastiques sur le marché européen recyclables ou réutilisables d’ici à 2030.

Selon l’ONG Greenpeace, les États doivent impérativement s’engager à protéger au moins 30 % des océans d’ici 2030 pour préserver la biodiversité et les habitats marins.

Même si un consensus existe autour de la nécessité d’un traité, il y a encore de nombreux obstacles à surmonter pour finaliser un texte ambitieux et faire que la protection des océans devienne une réalité.

Article adapté de l'anglais par Grégoire Sauvage - Retrouvez ici la version originale.