Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, est arrivé, jeudi, au Liban où il a rencontré les dirigeants locaux, alors que la France a annoncé, la semaine dernière, des sanctions contre des personnalités libanaises jugées responsables du blocage politique qui paralyse le pays du Cèdre.
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a rencontré, jeudi 6 mai, au Liban, les dirigeants du pays en crise, à l'occasion d'une nouvelle visite visant à accentuer la pression sur les dirigeants locaux, incapables de former un nouveau gouvernement.
Le chef de la diplomatie s'est aussi entretenu avec des partis de l'opposition qui ne sont pas issus de la classe politique traditionnelle, empêtrée depuis neuf mois dans des tractations interminables retardant la formation du gouvernement, malgré l'urgence de la situation.
Le déplacement de Jean-Yves Le Drian est intervenu après l'annonce par Paris de restrictions d'accès au territoire français à des personnalités libanaises, jugées responsables du blocage.
Le ministre a été reçu dans la matinée par le président Michel Aoun, avant de se rendre chez le chef du Parlement, Nabih Berri, sans faire aucune déclaration à l'issue de ces entretiens.
Sur les réseaux sociaux, il avait indiqué la veille qu'il venait avec un message de "grande fermeté aux responsables politiques et un message de pleine solidarité aux Libanais".
1/2 | Je serai au #Liban demain avec un message de grande fermeté aux responsables politiques et un message de pleine solidarité aux Libanais.
Fermeté face à ceux qui bloquent la formation du gouvernement : nous avons pris des mesures nationales, et ce n’est qu’un début.
"Fermeté face à ceux qui bloquent la formation du gouvernement : nous avons pris des mesures nationales et ce n'est qu'un début", a-t-il averti.
En plein effondrement économique, le Liban connaît une dépréciation dramatique de sa monnaie. Plus de la moitié de ses habitants vivent aujourd'hui sous le seuil de pauvreté, selon l'ONU.
"Mafia"
À Beyrouth jusqu'à vendredi, Jean-Yves Le Drian a rencontré les représentants de plusieurs partis d'opposition qui veulent resserrer les rangs face aux barons de la politique, jugés corrompus et incompétents.
La réunion a été l'occasion pour ces partis d'exprimer une position unifiée : "la seule issue de crise possible est la mise en place d'un gouvernement indépendant, capable de prendre les mesures nécessaires pour éviter un effondrement financier", a rapporté Naji Abou Khalil, membre du comité exécutif du Bloc National.
Pour lui, la rencontre signale un changement de perception de l'opposition libanaise à l'international. "La communauté internationale était réticente, il y a encore un an et demi à demander le départ de la classe dirigeante, de peur que cela entraîne de l'instabilité", argue-t-il.
"Aujourd'hui, elle commence à comprendre que c'est la pérennité de cette classe politique qui est un danger pour le Liban."
Le gouvernement actuel, chargé des affaires courantes, a démissionné en août, quelques jours après l'explosion du 4 août au port de Beyrouth qui a fait plus de 200 morts et ravagé des quartiers entiers de la capitale.
Dans un communiqué envoyé à l'AFP, Paul Naggear et son épouse Tracy, qui ont perdu leur petite Alexandra, 3 ans, dans le drame, ont fustigé les rencontres de Jean-Yves Le Drian avec "la mafia au pouvoir".
"Vous devez savoir qu'on ne veut plus d'eux au Liban. Au lieu de les menacer de sanctions, agissez en bloquant tous leurs avoirs en France et en Europe."
Avec AFP