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Présidence portugaise de l'UE : "La Hongrie ne sera pas gagnante en faisant appel au vaccin russe"

Depuis le 1er janvier et pour 6 mois, le Portugal a pris la présidence tournante de L’Union européenne, succédant à l'Allemagne, qui s'est montrée efficace sur de nombreux dossiers : fonds de relance et budget européen, Brexit ou encore coordination européenne pour l'achat des vaccins. Le Portugal, épargné par la première vague de Covid-19, est aujourd'hui le deuxième pays du monde le plus infecté. L'agenda de sa présidence s'annonce chargé sur le front pandémique et économique, alors que l’Europe se reconfine à toute vitesse et se vaccine au ralenti.

Le Portugal avait souhaité mettre sa présidence sous le signe de l'Europe sociale, mais la situation sanitaire de l'Union a rebattu les cartes. En effet "la priorité des priorités, c'est la relance" pour Augusto Santos Silva, ministre portugais des Affaires étrangères, qui insiste sur le fait qu'il faut "améliorer notre réponse sanitaire" et "accélérer aussi le processus de vaccination de notre population parce que c'est une condition nécessaire pour la relance".

Le Portugal, plutôt épargné par la première vague de la pandémie, est maintenant "l'un des pays européens les plus frappés par la mutation britannique du virus" en raison des "relations très proches avec le Royaume-Uni". Il ne nie cependant pas "l'effet des fêtes de Noël", mais affirme que la décision de fermer les écoles pendant 15 jours "pour éviter la propagation du virus" permettra d'améliorer la situation et de faire en sorte qu'au "printemps les choses se calment".

"On n'administre pas 1 milliard de vaccins en un instant"

Si l'on en croit les prévisions, 70 % des adultes en Europe devraient être vaccinés fin août. Mais beaucoup en doutent, pointant du doigt la lenteur de la vaccination ou bien un nombre insuffisant de doses commandées par la Commission européenne. Augusto Santos Silva réfute ces critiques et rappelle que la Commission a commandé "Un milliard de vaccins pour 460 millions de résidents européens". Il souligne que "dans la majorité des États membres, il y a une certaine anxiété parce que tout le monde veut être vacciné aussi tôt que possible" et appelle la population à la patience, car "on ne produit pas 1 milliard de vaccins en un instant et on n'administre pas 1 milliard de vaccins en un instant".

Augusto Santos Silva demande ainsi de "préserver toutes les mesures de restrictions, toutes les mesures sanitaires de protection pendant que la vaccination se fait." Il regrette par ailleurs le choix de la Hongrie de faire appel à la Russie et son vaccin Spoutnik V et les met en garde contre des "conséquences négatives pour la Hongrie elle-même", rappelant que "le processus d'achat conjoint de toute l'Europe a été un élément décisif pour l'efficacité de notre vaccination dans tous les États membres". 

"Nous attendons de Joe Biden de parler taxation numérique sans agressivité"

Alors que Joe Biden vient de prêter serment en tant que 46e président des États-Unis, le Ministre portugais des Affaires étrangères rappelle que "la règle est un très bon dialogue entre l'Europe et les États-Unis, y compris sur des thèmes difficiles et à ce niveau, l'administration Trump a été l'exception." Il espère donc renouer un dialogue serein avec la nouvelle administration y compris sur "la taxation des grandes entreprises technologiques, numériques et commerciales" et ce "d'une façon moins agressive".

Interrogé sur l'accord d'investissement polémique entre l'Europe et la Chine, il souligne qu'il s'agit encore d'un "accord de principe" sur lequel "il faut travailler avec la profondeur analytique nécessaire" et que "la présidence portugaise va le faire avec la Commission et le Parlement européen pour que les choses soient claires".

Augusto Santos Silva revient également sur l'arrestation de l'opposant russe Alexei Navalny, dont l'Union européenne "a déjà demandé la libération et le respect de ses droits fondamentaux" car "il n'y a pas de démocratie, il n' a pas d'État de Droit si l'on ne respecte pas les droits fondamentaux des individus, si on ne permet pas que l'opposition puisse s'exprimer" et assure attendre "une réponse positive de Moscou".

Une émission préparée par Céline Schmitt, Perrine Desplats, Mathilde Bénézet et Isabelle Romero