Un tribunal russe a ordonné, lundi, le maintien en détention de l'opposant pour au moins 30 jours, pour avoir enfreint les conditions de sa condamnation à de la prison avec sursis. Arrêté la veille à son arrivée en Russie, Alexeï Navalny a dénoncé une "parodie de justice".
L’opposant russe Alexeï Navalny restera en détention pour au moins 30 jours, jusqu'au 15 février. C'est ce qu'a ordonné, lundi 18 janvier, le tribunal devant lequel il a été présenté au lendemain de son arrestation à son arrivée en Russie, a indiqué sa porte-parole.
Dimanche, l'opposant est revenu à Moscou, cinq mois après une tentative d’assassinat dont il accuse le président Vladimir Poutine d’être le commanditaire. Il a été interpellé dès son arrivée, le FSIN, le service pénitentiaire russe, lui reprochant d'avoir violé des mesures de contrôle judiciaire en allant se faire soigner à l'étranger.
À la surprise générale, un tribunal s'est réuni à la mi-journée, lundi, au commissariat de Khimki, en banlieue de Moscou, où Alexeï Navalny est détenu, pour examiner une "demande de placement en détention", selon Vadim Kobzev, avocat de l'adversaire numéro 1 du Kremlin.
"J'ai vu beaucoup de parodies de justice (...) mais là c'est l'illégalité la plus totale", a réagi dans la salle d'audience Alexeï Navalny, visiblement agacé, selon une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux.
"Pépé dans son bunker a tellement peur qu'on déchire et qu'on jette le code de procédure pénal à la poubelle", a-t-il ajouté, en référence au président Poutine et au fait qu'un tribunal puisse siéger dans un commissariat.
Le service pénitentiaire avait prévenu qu'il serait appréhendé à son retour pour avoir violé le contrôle judiciaire qui lui était imposé, dans le cadre d'une peine de cinq ans de prison avec sursis pour détournements de fonds et que l'opposant juge politiquement motivée.
Il est aussi visé depuis fin décembre par une nouvelle enquête pour escroquerie, car suspecté d'avoir dépensé pour son usage personnel 356 millions de roubles (3,9 millions d'euros) de dons.
En s'envolant pour Moscou, Alexeï Navalny avait assuré n'avoir peur de rien. "On va m'arrêter ? Ce n'est pas possible, je suis innocent", avait-il ironisé.
Réactions internationales
L'ONG Amnesty International a estimé qu'il était désormais un "prisonnier de conscience" victime d'une "campagne implacable" des autorités.
L'UE, la France, l'Allemagne ou encore la Pologne et le Royaume uni ont réclamé sa libération tout comme la future administration du président élu américain Joe Biden. Le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, a dénoncé une tentative de "faire taire Navalny".
EM Tweet UE Navalny
I condemn the detention of Alexei Navalny by the Russian authorities. They must immediately release him and ensure his safety.
Detention of political opponents is against Russia’s international commitments. pic.twitter.com/RRATmAHVvn
En août, l'opposant était subitement tombé dans le coma alors qu'il revenait d'une tournée électorale en Sibérie. D'abord hospitalisé à Omsk en Russie, il avait finalement été évacué vers un hôpital berlinois.
Trois laboratoires européens ont depuis conclu qu'il avait été empoisonné par un agent innervant militaire de type Novitchok, développé à l'époque soviétique, conclusion confirmée par l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC).
Largement ignoré des médias nationaux russes, Alexeï Navalny reste la principale voix de l'opposition grâce à une audience très large sur les réseaux sociaux et ses enquêtes sur la corruption des élites.