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Téhéran accuse Washington d'être impliqué dans l'attentat contre les Gardiens

Les rebelles sunnites du groupe Joundullah ont revendiqué l'attentat-suicide visant les Gardiens de la révolution. L'armée iranienne pointe toutefois du doigt les États-Unis et le Royaume-Uni, ainsi que le Pakistan.

REUTERS -

Un kamikaze a fait exploser sa bombe et tué 35 personnes, dont six responsables des gardiens de la Révolution, dimanche matin dans la ville de Sarbaz, dans le sud-est de l'Iran où opèrent des insurgés sunnites.
Cet attentat, qui s'est produit près de la frontière avec le Pakistan et l'Afghanistan, est l'une des attaques les plus meurtrières à frapper le puissant corps des Pasdaran, unité d'élite et pilier du régime de Téhéran.

 
Il se produit à la veille de nouvelles discussions à Vienne sur le dossier nucléaire entre l'Iran et les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'Onu (Etats-Unis, France, Russie, Grande-Bretagne, Chine) ainsi que l'Allemagne.

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Téhéran accuse Washington d'être impliqué dans l'attentat contre les Gardiens
Les médias iraniens ont précisé que l'attaque avait été revendiquée par un groupe sunnite, les Jundollah ("Soldats de Dieu"), qui lutte depuis 2005 contre Téhéran dans cette province du Sistan-Baloutchistan.

 
Les gardiens de la Révolution ont dénoncé le rôle d'"éléments étrangers" liés aux Etats-Unis dans cette attaque et la télévision d'Etat iranienne a mis en cause "une implication directe du gouvernement britannique (...) qui organise, aide et équipe des terroristes professionnels".

 
Le quartier général des forces armées iraniennes a lui aussi accusé "le Grand Satan américain et son alliée la Grande-Bretagne" de soutenir les "terroristes".
"Dans un avenir qui n'est pas lointain, nous nous vengerons et les Baloutches nettoieront cette région des terroristes et des criminels", précise-t-elle dans un communiqué.

 


 
L'Iran promet de se venger

 
Le président Mahmoud Ahmadinejad a ordonné aux autorités iraniennes de traquer et de punir les commanditaires de cet attentat. "Nous allons nous occuper sérieusement des criminels qui commettent (...) de tels crimes contre l'humanité", a-t-il promis.

 
"Nous avons été informés de ce que certains agents de sécurité au Pakistan coopèrent avec les principaux éléments de cet incident terroriste", a-t-il dit, cité par l'agence Fars.
"Nous demandons au gouvernement pakistanais d'appréhender sans délai les principaux éléments de cet attentat terroriste."
Le ministère iranien des Affaires étrangères a convoqué un diplomate pakistanais en poste à Téhéran et lui a dit avoir la preuve que les auteurs étaient venus du Pakistan en Iran. 
"Le responsable pakistanais a assuré Téhéran que son pays prendrait toutes les mesures pour contrôler sa frontière avec l'Iran", a rapporté la télévision publique.

 
Washington a condamné l'attentat et démenti toute implication. "Nous condamnons cet acte de terrorisme et nous déplorons la perte de vies innocentes. Il est totalement faux de parler d'une implication américaine", a dit Ian Kelly, porte-parole du département d'Etat.

 
A Londres, le Foreign Office a également condamné. "Le terrorisme est odieux où qu'il se produise. Nos sympathies vont aux victimes et à leur famille", a dit un porte-parole.
Le kamikaze faisait partie d'un groupe d'artisans locaux avec lesquels une délégation de haut rang des gardiens de la Révolution était venue s'entretenir, en marge d'une conférence avec des dirigeants tribaux à Sarbaz.

 
Il a déclenché les explosifs qu'il portait autour de son corps, tuant notamment le numéro deux des forces terrestres des Pasdaran, le général Nourali Shoustari, également responsable de la force d'élite Al Qods, selon la chaîne Press TV.

 
Le chef des Pasdaran dans la province, le général Mohammadzadeh, a également été tué. L'attentat, à l'entrée d'un centre de conférences, a aussi fait 28 blessés. 
Des chefs tribaux et des civils figurent parmi les victimes.

 
"Le mouvement terroriste de Rigi a revendiqué la responsabilité de l'attentat", a rapporté la télévision iranienne, évoquant Abdolmalek Rigi, chef de file des Jundollah.

 


Sunnites contre chiites

 
Les Jundollah sont des sunnites de l'ethnie baloutche qui se sont signalés depuis près de cinq ans par plusieurs attentats sanglants dans la province du Sistan-Baloutchistan.

 
Pour l'Iran, pays majoritairement chiite, les Jundollah, qui affirment défendre les droits bafoués de la minorité sunnite, sont liés au réseau Al Qaïda. Téhéran accuse également les Etats-Unis et la Grande-Bretagne de les soutenir pour déstabiliser le pays.

 
Les Jundollah ont au cours de leur histoire conclu des alliances plus ou moins durables avec différents groupes ou organisations, comme les taliban ou les services de renseignement pakistanais (ISI). Ces derniers voyaient dans le groupe sunnite un instrument contre le pouvoir iranien.

 
Les Jundollah, qui se font aussi appeler "Mouvement de la résistance populaire iranienne", ont été fondés en 2002 et ont lancé la lutte armée en 2005.

 
Leurs effectifs ne dépassent probablement pas la centaine d'hommes, équipés d'armes de petit calibre et d'explosifs. 
Le 14 décembre 2005, une tentative d'assassinat avait visé le président Mahmoud Ahmadinejad en visite dans la région. 
Le 28 mai dernier, un kamikaze a fait 25 morts et plus de 120 blessés dans une mosquée chiite de la ville de Zahedan.

 
Deux jours plus tard, trois hommes accusés d'implication dans cet attentat étaient pendus en public, puis deux autres le 2 juin. En juillet, 15 autres membres présumés des Jundollah ont été exécutés.

Tags: Terrorisme, Iran,