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Présidentielle américaine : la certification des résultats par le Congrès s'annonce tumultueuse

Le Congrès doit enregistrer, mercredi lors d'une sessions conjointe, le vote du collège électoral désignant Joe Biden comme le 46e président des États-Unis. Certains élus républicains ont prévu de perturber ce rendez-vous, tandis que, dans les rues de Washington, les partisans de Donald Trump criant à la fraude électorale donneront de la voix.

C’est une journée sous tension qui démarre mercredi 6 janvier à Washington. Le Congrès est appelé à enregistrer le vote du collège électoral faisant de Joe Biden le prochain président des États-Unis. Mais certains élus républicains, minoritaires, sont bien décidés à protester contre le verdict des grands électeurs de certains États. Une initiative qui n’a quasiment aucune chance d’aboutir mais qui va ralentir la procédure et offrir un spectacle inédit de division politique.

Voici ce qu’il faut savoir sur cette journée.

  • Manifestations pro-Trump à Washington

Après avoir déjà manifesté mardi, des milliers de partisans de Donald Trump doivent se rassembler mercredi matin près de la Maison Blanche. Le président américain a confirmé mardi soir qu’il s’exprimerait devant ses sympathisants à 11 h (16 h GMT).

Les précédents rassemblements pro-Trump dans la capitale américaine ont donné lieu à des violences, impliquant notamment des milices d’extrême droite comme celle des Proud Boys. Leur chef a été arrêté lundi soir à son arrivée à Washington, avant d'être relâché avec ordre de s'éloigner de la capitale. La maire Muriel Bowser a appelé les habitants à éviter le centre-ville et la Garde nationale a été déployée en prévention.

Plusieurs rassemblements sont prévus et devraient converger en milieu de journée vers le Congrès où une session cruciale est programmée.

  • Le Congrès enregistre les résultats du collège électoral

Une session des deux chambres du Congrès se tient à partir de 13 h locales (21 h en France). Objectif : enregistrer les résultats de la présidentielle américaine tels qu’ils ont été certifiés dans chaque État à travers le vote des grands électeurs formant le collège électoral. Par 306 voix contre 232, ces derniers ont élu Joe Biden à la présidence des États-Unis le mois dernier. Ce rendez-vous au Congrès n’est d’habitude qu’une formalité avant l’investiture du nouveau président prévue le 20 janvier. Mais cette année, la session pourrait durer jusqu’à jeudi en raison de la contestation attendue de la part d’un certain nombre d’élus républicains.

  • Des élus républicains contestent le vote des grands électeurs

Une douzaine d’élus républicains de la Chambre des représentants ont prévu de contester le vote des grands électeurs dans plusieurs États-clés. Pour être entendus, ils devront avoir le soutien d’au moins un sénateur. Or une douzaine de sénateurs républicains, dont les potentiels candidats à la présidentielle de 2024 Josh Howley et Ted Cruz, ont annoncé leur intention de contester à leur tour la certification dans des États où ils estiment qu’il y a eu fraude.

Leur démarche est davantage politique que juridique : ils font ainsi un appel du pied à la base pro-Trump et montrent qu’ils souhaitent se battre pour le patron. Mais la démarche n’a que peu de chance d’aboutir. Lors de chacune des contestations, les élus devront se retrouver dans leur chambre respective du Congrès afin de débattre - jusqu’à deux heures - et de voter à la majorité simple. La Chambre des représentants et le Sénat doivent tous les deux soutenir la contestation pour que celle-ci soit retenue. Or les démocrates sont majoritaires à la Chambre des représentants et, même au Sénat, la majorité des élus républicains semble pour l’instant vouloir respecter le vote des grands électeurs. Les contestations pourraient en revanche faire durer la session au Congrès jusqu’à jeudi.

  • Le vice-président Mike Pence sous pression

Le vice-président de Donald Trump, Mike Pence, présidera la session conjointe en tant que président du Sénat. Or le président sortant, qui cherche par tous les moyens à ne pas quitter la Maison Blanche, a ces derniers jours fait pression sur son fidèle allié pour qu’il l’aide à rejeter les résultats de la présidentielle. "Le vice-président a le pouvoir de rejeter les grands électeurs choisis frauduleusement", a encore tweeté Donald Trump mardi.

Mike Pence n’a en fait pas ce pouvoir, et les grands électeurs n’ont pas été choisis frauduleusement : tous les recours en justice faisant état de fraude électorale ont été rejetés faute de preuve. Le rôle du vice-président, mercredi, sera purement protocolaire : c’est lui qui ouvrira les certificats envoyés par chacun des 50 États pour transmettre les votes de leurs grands électeurs. C’est aussi lui qui annoncera, in fine, la victoire de Joe Biden et de celle qui le remplacera à son poste, Kamala Harris. De quoi provoquer la colère de Donald Trump et de ses partisans jusqu’au boutistes. Le vice-président se retrouve donc pris en étau entre son devoir constitutionnel et sa loyauté envers le milliardaire. Selon le New York Times, il a d'ores et déjà prévenu Donald Trump qu'il ne pourrait pas intervenir en sa faveur.