À quatre semaines de la rupture définitive entre le Royaume-Uni et l'Union européenne, les discussions sont toujours dans l'impasse. Vendredi, le négociateur européen, Michel Barnier, a déclaré que les conditions d'un accord post-Brexit "ne sont pas réunies".
Malgré une semaine de discussions intensives à Londres, les conditions d'un accord post-Brexit entre l'UE et le Royaume-Uni "ne sont pas réunies" en raison de "divergences significatives", a annoncé vendredi 4 décembre le négociateur européen Michel Barnier.
After one week of intense negotiations in London, together with @DavidGHFrost, we agreed today that the conditions for an agreement are not met, due to significant divergences on level playing field, governance and fisheries.
— Michel Barnier (@MichelBarnier) December 4, 2020Les négociateurs ont convenu de faire "une pause" dans les discussions. Le Premier ministre britannique Boris Johnson et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen feront "un état des lieux" des discussions samedi après-midi, a-t-il ajouté.
Au moment où les deux parties affirment être entrées dans la phase ultime des pourparlers, des sources européennes ont assuré la veille que l'Union européenne (UE) n'était plus qu'à "quelques millimètres" d'avoir concédé tout ce qu'elle pouvait dans les négociations commerciales avec le Royaume-Uni pour un accord post-Brexit.
"Nous avons atteint un point où nous sommes si proches des limites de notre mandat que nous avons besoin d'un mouvement de la part du Royaume-Uni pour parvenir à un accord", avait déjà affirmé mercredi un haut diplomate européen. Celui-ci soulignait alors que dans certains domaines, les Européens n'étaient plus qu'à "quelques millimètres de leurs lignes rouges", excluant toute nouvelle concession supplémentaire malgré la contrainte de plus en plus pressante du calendrier.
Les négociations se trouvent "à un moment difficile", a pour sa part officiellement commenté Downing Street vendredi. "Il reste très peu de temps. Nous sommes à un moment difficile des négociations", a déclaré à la presse le porte-parole du Premier ministre Boris Johnson, avertissant que Londres ne comptait pas accepter "un accord qui ne respecte pas les principes fondamentaux de la souveraineté".
"Je n'ai pas l'impression que nous soyons à quelques heures d'un accord"
La rupture définitive entre l'UE et le Royaume-Uni aura lieu le 31 décembre prochain, date à laquelle les Britanniques, qui ont officiellement quitté l'UE le 31 janvier dernier, cesseront d'appliquer les normes européennes.
Sans accord pour régir leurs relations, les deux parties échangeront selon les seules règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), synonymes de droits de douane ou de quotas. Au risque d'un nouveau choc économique s'ajoutant à celui de la pandémie. Or, pour qu'un éventuel accord puisse être ratifié dans les temps par les parlements britannique et européen, les négociations devront absolument se conclure dans les tout prochains jours.
"Je n'ai pas l'impression que nous soyons à quelques heures d'un accord (...). Ce qui reste à combler est encore assez important", a insisté le diplomate européen. "Il y a évidemment beaucoup d'attentes et nous sommes vraiment au bout du parcours, mais il y a encore de réelles disparités", répond-on côté britannique.
"Tout peut basculer" à tout moment
Selon une autre source européenne, le "sentiment d'urgence" de l'UE "est compris à Londres" et "tout peut basculer". "Il faut un accord maintenant car si les négociations continuent la semaine prochaine, l'accord, s'il est trouvé, ne pourra pas entrer en vigueur", a averti cette source.
Le chef de la diplomatie irlandaise, Simon Coveney, a quant à lui jugé jeudi un accord possible "dans les prochains jours" si les Européens conservent leur "sang-froid".
Les discussions continuent de bloquer sur trois points : l'accès des pêcheurs européens aux eaux britanniques, les garanties réclamées à Londres en matière de concurrence, et la manière de régler les différends dans le futur accord.
La France prête à opposer son "veto"
La France n'exclut pas d'opposer son veto à un mauvais accord sur l'après-Brexit, a déclaré vendredi le secrétaire d'État aux Affaires européennes, Clément Beaune.
"Je veux dire à nos pêcheurs, à nos producteurs, aux citoyens qui nous écoutent, que nous n'accepterons pas un accord de mauvaises conditions", a dit Clément Beaune, au micro d'Europe 1. "S'il avait un accord qui n'était pas bon (...), nous nous y opposerions. (...) Chaque pays a un droit de veto, donc c'est possible."
Le risque d'un non-accord "existe" et il "faut s'y préparer", a-t-il par ailleurs répété. "Mais je veux croire qu'on peut avoir un accord et un bon accord", a-t-il également insisté.
La veille, le Premier ministre, Jean Castex, a martelé que la pêche française ne pouvait pas être "sacrifiée comme variable d'ajustement" dans les négociations commerciales post-Brexit entre l'UE et le Royaume-Uni.
"Il faut se préparer à un risque de no-deal, c'est-à-dire qu'au 31 décembre, nous n'ayons plus un libre accès au marché britannique, et réciproquement", a averti Clément Beaune.
Avec AFP