
Alors que les manifestations anti-gouvernementales se multiplient à Bangkok, plusieurs milliers de manifestants se sont de nouveau réunis, mercredi, pour réclamer plus de démocratie et la destitution du Premier ministre. Des centaines de partisans pro-royalistes se sont également rassemblés dans la capitale.
Ils défilent quasi quotidiennement depuis l'été. Les militants pro-démocratie espèrent maintenir l'élan dans leur campagne pour destituer le Premier ministre thaïlandais en organisant un nouveau grand rassemblement, mercredi 14 octobre, à Bangkok, sur fond de tensions avec la police au lendemain de l'arrestation de 21 activistes.
En début d'après-midi, plusieurs milliers de manifestants, d'après une estimation de l'AFP, étaient rassemblés devant le Monument de la démocratie au cœur de la capitale.
Le cortège souhaite marcher vers la Maison du gouvernement, mais la principale route pour s'y rendre a été bloquée par des bus et des barbelés. Quelque 15 000 policiers ont été déployés aux environs du rassemblement.
Éviter les débordements
"Il y aura des provocations, mais nous ne voulons entrer en conflit avec personne", a lancé aux militants l'un des leaders du mouvement, Anon Numpa.
"Quand le cortège royal arrive, ne prononcez pas d'insultes", a exhorté l'activiste, qui réclame une réforme de la puissante et richissime monarchie, un sujet tabou il y a encore peu dans le pays.
Le roi Maha Vajiralongkorn, qui séjourne très fréquemment en Europe, est actuellement en Thaïlande. Il doit assister à une cérémonie dans l'après-midi et son convoi doit passer près du lieu de la manifestation.
Mardi, des dizaines de militants pro-démocratie avaient levé trois doigts au passage de sa voiture, un geste de défi à l'autorité royale. Vingt-et-un activistes ont été interpellés par la police qui voulait dégager la voie avant le passage du cortège.
Un rassemblement en soutien au roi
Autre source de tensions potentielles, plusieurs centaines de partisans pro-royalistes, vêtus de jaune, la couleur du roi, se sont rassemblés, mercredi, près du lieu de la manifestation pour venir saluer et soutenir le monarque.
"La monarchie existe depuis plus de 700 ans. Ils veulent la renverser. On est venu apporter notre amour à notre souverain", a déclaré à l'AFP Siri Kasemsawat, guide touristique avant la pandémie de coronavirus.
Les contestataires, qui défilent dans les rues depuis l'été, réclament plus de démocratie et la démission du Premier ministre, le général Prayut Chan-O-Cha, issu d'un coup d'État en 2014 et légitimé depuis par des élections controversées. Mais certains vont plus loin exigeant une réforme en profondeur de la royauté.
Les organisateurs du mouvement ont dit s'attendre à plusieurs dizaines de milliers de manifestants ce mercredi, mais les autorités tablent sur une dizaine de milliers, trois fois moins que le dernier grand rassemblement qui avait réuni quelque 30 000 personnes en septembre dans la capitale.
Les militants pro-démocratie "ont peut-être surestimé leur force", relève Thitinan Pongsudhirak, politologue de l'université Chulalongkorn de Bangkok.
Le mouvement, essentiellement composé d'étudiants citadins jusqu'à présent, "manque d'un objectif et d'un programme clairs pour attirer un grand nombre de personnes", estime-t-il.
Avec AFP