Alors que le délai de 15 jours, annoncé le 1er septembre par Emmanuel Macron, pour former un nouveau gouvernement au Liban a expiré, le Premier ministre désigné Moustapha Adib doit rencontrer, mercredi, le président libanais Michel Aoun. En cas de blocage persistant autour du portefeuille des Finances, il pourrait se récuser et plonger un peu plus le pays du Cèdre dans l'incertitude.
Les négociations pour former un nouveau gouvernement libanais pourraient connaître, mercredi 16 septembre, leur dénouement avec un entretien programmé entre le Premier ministre désigné Moustapha Adib et le président Michel Aoun.
En visite au Liban le 1er septembre, le président français Emmanuel Macron avait indiqué avoir obtenu l'accord des différents camps politiques pour former un gouvernement dans un délai de quinze jours, dans un pays secoué par la double explosion de Beyrouth, survenue le 4 août.
Malgré les promesses des partis, habitués aux marchandages interminables pour former un gouvernement, aucune avancée n'a pourtant été enregistrée cette semaine, alors que la France a réitéré son appel à "la formation rapide d'un gouvernement de mission qui puisse mettre en œuvre les réformes indispensables au relèvement du pays".
Le tandem chiite bloque le processus
Dans un article publié mercredi, le quotidien francophone L'Orient-Le Jour estime que "la physionomie du nouveau gouvernement devrait être enfin connue, sinon annoncée, l'alternative unique à cette annonce étant la récusation du Premier ministre désigné". Une alternative qui sonnerait comme un échec pour la médiation française.
Selon des médiaux locaux, la formation du cabinet buterait sur l'attribution du portefeuille des Finances, le tandem chiite composé du Hezbollah et de son allié le parti Amal réclamant "une personnalité chiite" pour ce poste-clé qui lui est attribué depuis 2014 et un droit de regard sur la nomination des ministres issus de leur communauté.
De son côté, le Premier ministre sunnite serait toutefois déterminé, selon plusieurs sources locales, à remettre en cause le partage historique des portefeuilles ministériels sur une base confessionnelle, alors que le Hezbollah, Amal et le Courant patriotique libre (CPL), la formation du président Aoun, détiennent la majorité au Parlement.
L'Élysée tente de lever l'obstacle
"Paris à l'épreuve : consensus ou explosion politique", titrait lundi le quotidien Al-Akhbar, pro-Hezbollah, indiquant que "le tandem chiite" Amal-Hezbollah "n'acceptera pas un gouvernement du fait accompli".
Emmanuel Macron, très investi au Liban depuis l'explosion de 4 août, s'est entretenu samedi par téléphone avec le président du parlement libanais et chef du parti Amal Nabih Berri afin de tenter de lever l'obstacle du portefeuille des Finances.
Nabih Berri a déclaré que sa formation était en désaccord avec la méthode du Premier ministre pour constituer le gouvernement et qu'il ne souhaitait pas y entrer dans ces conditions. Il s'est dit en revanche toujours prêt à coopérer afin de restaurer la stabilité du pays.
Selon plusieurs médias libanais, la décision prise la semaine dernière par l'administration américaine de sanctionner des alliés du Hezbollah, considéré comme une organisation "terroriste" par Washington, a poussé le tandem chiite à se montrer moins conciliant lors des négociations visant à former un gouvernement.
Une aide internationale de plusieurs milliards de dollars a été promise au pays du Cèdre en 2018, mais ces fonds restent bloqués dans l'attente d'un plan crédible de réformes structurelles.
Une "feuille de route" fixée par la France comporte une série de mesures visant à lutter contre la corruption endémique dans le pays et à restaurer la situation économique du Liban, ce qui passe notamment par une restructuration du secteur financier, alors que le cours de la livre est en chute libre, plongeant de nombreux Libanais sous le seuil de pauvreté.
Avec AFP et Reuters