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Biélorussie : Vladimir Poutine se dit "convaincu" qu'Alexandre Loukachenko pourra résoudre la crise

Alors qu'il fait face à un mouvement de contestation inédit dans son pays, le président biélorusse Alexandre Loukachenko s'est entretenu en Russie avec Vladimir Poutine. L'homme fort de Moscou s'est dit lundi "convaincu" qu'Alexandre Loukachenko pourra résoudre la crise politique dans son pays. 

Le président russe Vladimir Poutine s'est dit lundi 14 septembre "convaincu" que son homologue biélorusse Alexandre Loukachenko pourra résoudre la crise politique dans son pays, théâtre d'un mouvement de protestation sans précédent depuis sa réélection début août.

Évoquant la vague réforme constitutionnelle promise par Alexandre Loukachenko pour sortir de la crise, Vladimir Poutine a affirmé être "convaincu qu'avec votre expérience du travail politique", elle permettra à la Biélorussie "d'atteindre de nouvelles frontières", selon les images de leur rencontre à Sotchi, dans le sud de la Russie, diffusées à la télévision russe.

L'avion de Loukachenko a atterri lundi dans la station balnéaire de Sotchi, au bord de la mer Noire, où Poutine accueille régulièrement des dignitaires en visite.

Après un tête-à-tête de plus de quatre heures entre les deux présidents, le président biélorusse a confirmé lundi vouloir changer la Constitution, a indiqué le Kremlin à propos de cette réforme. Il s'agit de la seule solution proposée par Minsk pour sortir de cette crise politique, la plus grave qu'ait connu Alexandre Loukachenko en 26 ans de pouvoir. 

Le président biélorusse, qui a mobilisé contre lui les manifestants pour un cinquième week-end consécutif, recherche le soutien économique et militaire de Moscou dans l'espoir de retourner la situation en sa faveur.

En Biélorussie, l'opposition dénonce le résultat, truqué selon elle, de l'élection présidentielle remportée le 9 août dernier par le président sortant avec officiellement 80 % des suffrages.

Alexandre Loukachenko sous la pression de la rue

Depuis, des dizaines de milliers de Biélorusses manifestent chaque week-end, des milliers de personnes ont été arrêtées et presque tous les principaux dirigeants de l'opposition ont été détenus, expulsés ou contraints de fuir le pays. L'opposition dit craindre qu'Alexandre Loukachenko ne vende l'indépendance de la Biélorussie en échange du soutien de Vladimir Poutine.

Svetlana Tikhanovskaïa, à la tête de la fronde contre le président et dont les partisans affirment qu'elle est la véritable gagnante de l'élection, a déclaré qu'aucun accord conclu entre les deux dirigeants ne serait valable.

"Je tiens à rappeler à Vladimir Poutine : tout ce que vous accepterez et tout ce sur quoi vous vous mettrez d'accord lors de la réunion de Sotchi n'aura aucun poids juridique", a-t-elle écrit sur le réseau social Telegram.

"Tous les accords signés avec un Loukachenko illégitime seront révisés par le nouveau gouvernement. Car le peuple biélorusse a refusé de faire confiance à Loukachenko et de le soutenir lors de l'élection. Je suis vraiment désolée que vous ayez décidé d'engager le dialogue avec un dictateur et non avec le peuple biélorusse", a ajouté l'opposante, qui s'est exilée en Lituanie.

Dimanche, près de 100 000 manifestants sont encore descendus dans les rues de Minsk, au cri de "tu es un rat" à l'adresse du président. La police a annoncé avoir arrêté 774 personnes lors de manifestations à travers tout le pays.

Un soutien militaire de Moscou

Vladimir Poutine a déclaré le mois dernier qu'il avait mis en place une "force de police de réserve" à la demande d'Alexandre Loukachenko, mais qu'elle ne serait déployée qu'en cas de besoin.

Lundi, la Russie enverra des parachutistes en Biélorussie lors d'exercices militaires communs de la "Fraternité slave" qui dureront jusqu'au 25 septembre, a rapporté l'agence de presse RIA, citée par le ministère de la Défense. La Russie a également proposé de restructurer la dette de la Biélorussie et de soutenir son système bancaire.

Pour Alexandre Loukachenko, qui entretient des relations difficiles avec Vladimir Poutine, le soutien du président russe pourrait se faire au prix d'une plus grande domination de Moscou sur l'ancienne république soviétique.

La Russie a longtemps fait pression pour une intégration économique plus étroite entre les deux pays, y compris à travers une monnaie commune. Malgré les réticences d'Alexandre Loukachenko face au projet russe, le dirigeant biélorusse pourrait se retrouver dans une position très précaire sans le soutien de Moscou à mesure que les manifestations dans son pays prennent de l'ampleur.

Avec AFP et Reuters