
Les dirigeants européens ont annoncé, mercredi, la mise en place imminente de sanctions visant un nombre "substantiel" de responsables biélorusses, après la répression et les violences subies par les manifestants en Biélorussie.
La pression s'accentue sur Alexandre Loukachenko. L'Union européenne ne reconnaît pas la réélection du président biélorusse et va sanctionner "bientôt" un nombre "substantiel" de responsables des fraudes électorales et des violences qui ont suivi le scrutin, a annoncé, mercredi 19 août, le président du Conseil européen, Charles Michel, à l'issue d'un sommet extraordinaire en visioconférence.
La présidentielle "n'était ni libre ni équitable et l'UE ne reconnaît pas le résultat", a déclaré Charles Michel. "Nous soutenons fermement le droit du peuple biélorusse à déterminer son propre destin", a-t-il insisté.

De son côté, la chancelière allemande Angela Merkel a exprimé, dans la foulée, son soutien aux manifestants biélorusses. "Nous ne doutons pas qu'il y ait eu des fraudes massives lors de la présidentielle", a-t-elle déclaré, ajoutant que pour l'UE, "il est clair que la Biélorussie doit trouver sa propre voie. Cela doit se faire par le dialogue et il ne doit y avoir aucune intervention extérieure". La chancelière a par ailleurs révélé que le chef d'État contesté n'avait pas souhaité s'entretenir avec elle au téléphone.
Interrogée sur la question de savoir si l'UE prônait une nouvelle élection, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a répondu que c'était la population elle-même qui demandait un nouveau scrutin "libre et équitable". "Nous soutenons le peuple biélorusse pour qu'il choisisse le chemin qu'il veut suivre", a-t-elle ajouté.
De son côté, le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, a déclaré qu'une nouvelle élection présidentielle devait avoir lieu, estimant que celle du 9 août "ne pouvait pas être considérée comme juste, libre et démocratique".
Le chef de gouvernement a ajouté qu'à la demande de la Pologne, les 27 s'étaient mis d'accord pour impliquer des organisations internationales comme l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), "afin de pouvoir éventuellement aussi soutenir le processus de démocratisation, par exemple en supervisant la préparation des prochaines élections, si la situation évolue de cette manière".
Un renforcement des contrôles aux frontières
Quelques minutes auparavant, le chef d'État biélorusse avait ordonné au gouvernement d'empêcher les troubles dans le pays et de renforcer les contrôles aux frontières. Le président souhaite ainsi "empêcher que des militants, des armes, des munitions ou de l'argent provenant d'autres pays entrent en Biélorussie pour financer les émeutes".
La veille, le président français, Emmanuel Macron, la chancelière allemande, Angela Merkel, et le président du Conseil européen, Charles Michel, avaient échangé avec Vladimir Poutine au sujet de son allié, Alexandre Loukachenko. L’objectif des Européens : favoriser un dialogue avec l'opposition qui proteste contre les résultats de l'élection présidentielle.
Depuis son exil en Lituanie, la cheffe de file de l'opposition biélorusse, Svetlana Tikhanovskaïa, avait appelé mercredi l’Union européenne à faire preuve de fermeté et à rejeter les résultats de l'élection présidentielle "frauduleuse" du 9 août. "Je vous demande de ne pas reconnaître ces élections frauduleuses. M. Loukachenko a perdu toute légitimité aux yeux de notre nation et du monde", a déclaré Svetlana Tikhanovskaïa en anglais dans une vidéo adressée au Conseil de l'Europe et diffusée sur YouTube.
Dans la soirée de mardi, plusieurs milliers de manifestants s’étaient à nouveau réunis sur la place de l'Indépendance, à Minsk, brandissant les drapeaux de couleurs rouge et blanche de l'opposition et appelant à la démission d'Alexandre Loukachenko, qui clame avoir remporté 80 % des voix au scrutin.
Avec AFP