
Au terme d'une visite officielle du Premier ministre chinois, Wen Jiabao (au milieu), à Pyongyang, la Corée du Nord a averti qu'elle ne reviendrait à la table des négociations qu'après avoir entamé un dialogue direct avec Washington.
REUTERS - La Corée du Nord s’est dit prête mardi à reprendre les pourparlers sur le démantèlement de son programme nucléaire à la condition que des discussions directes avec les Etats-Unis soient ouvertes au préalable.
Parallèlement, l’agence sud-coréenne Yonhap rapportait que les opérations de remise en marche de la centrale de Yongbyon, pilier du programme nucléaire nord-coréen, étaient entrées dans leur phase finale.
La proposition de dialogue coïncide avec la visite du Premier ministre chinois Wen Jiabao dont le gouvernement, seul allié de la Corée du Nord parmi les grandes puissances, s’est engagé lundi à renforcer ses liens avec le régime reclus.
Pyongyang réitère là une position maintes fois exprimée, à savoir que Washington a les clés de son éventuel désarmement.
"Les relations hostiles entre la RPCN et les Etats-Unis devraient se transformer sans échouer en liens pacifiques par la voie de discussions bilatérales", a déclaré le numéro un nord-coréen Kim Jong-il, cité par l’agence officielle KCNA.
"Nous nous disons prêts à avoir des pourparlers multilatéraux, selon le résultat des discussions USA-RPCN. Les pourparlers à six sont aussi inclus dans le dialogue multilatéral", a ajouté Kim, lors d’une rencontre avec Wen.
Washington a récemment évoqué la possibilité d’un dialogue direct avec Pyongyang, si cela permettait une relance des pourparlers à six avec la Corée du Sud, la Chine, le Japon et la Russie visant à lui faire renoncer à ses ambitions nucléaires en échange d’aide et de relations normalisées.
Des assurances sur la prolifération
La Corée du Nord a quitté ces discussions il y a un an et répétait depuis que ce format de dialogue était mort. Aussi sa volonté d’y revenir semble-t-elle amorcer un renouveau.
"Nos efforts pour obtenir la dénucléarisation de la péninsule demeurent inchangés", a assuré Kim mardi.
Elément central du programme nucléaire nord-coréen, dédié notamment à la production de combustible et à l’exploitation du plutonium, le complexe de Yongbyon avait été en partie démantelé l’année dernière sous la supervision de l’Agence internationale de l’énergie atomique.
Mais la Corée du Nord a ensuite exclu les inspecteurs de l’agence onusienne et entrepris de relancer cette centrale, accusant les Etats-Unis de préparer une attaque.
Pyongyang invoque l’hostilité américaine à son endroit, symbolisée selon elle par la présence de 28.000 soldats américains en Corée du Sud, pour justifier ses activités.
Pour Cho Min, analyste à l’Institut national coréen de l’unification, les deux pays ont un intérêt à dialoguer: La Corée du Nord, démunie, a besoin de sortir de son statut d’Etat paria et Washington veut s’assurer qu’elle ne vend pas d’armements nucléaires à des pays tiers.
“La Corée du Nord veut la levée des sanctions (...) Ce que les Etats-Unis veulent, ce sont des assurances sur la prolifération, parce que les Etats-Unis ne soucient guère de la remise en route d’une centrale nucléaire obsolète ou de savoir de combien de matière nucléaire le Nord dispose”, explique-t-il.
La question principale est désormais de savoir si les Etats-Unis vont envoyer à Pyongyang leur émissaire dans ce dossier, Stephen Bosworth ou un autre responsable.