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Les soignants redescendent dans la rue pour maintenir la pression sur le gouvernement

À quelques jours de la clôture du Ségur de la santé, les personnels hospitaliers ont de nouveau manifesté mardi, pour obtenir davantage que les 6,3 milliards d'euros déjà mis sur la table par le gouvernement.

Les soignants ne lâchent rien. À quelques jours de la clôture du Ségur de la santé, les personnels hospitaliers ont de nouveau manifesté mardi 30 juin, pour obtenir davantage que les 6,3 milliards d'euros déjà mis sur la table par le gouvernement.

Après le succès de leur mobilisation du 16 juin (100 000 à 180 000 manifestants selon les sources), les syndicats et collectifs hospitaliers entendaient maintenir la pression sur l'exécutif, dans la dernière ligne droite du Ségur de la santé, du nom de la rue où se trouve le ministère.

La jauge était toutefois nettement inférieure, avec deux fois moins de rassemblements prévus, une centaine dans toute la France selon la CGT, et une participation en recul : plusieurs milliers de manifestants à Paris, au moins 1 200 à Lyon selon la préfecture, entre 1 600 et 3 000 à Nantes, 700 à 1 500 à Montpellier, 200 à 500 à Clermont-Ferrand, 500 à Grenoble, 200 à Strasbourg, quelques centaines à Dijon.

Les soignants redescendent dans la rue pour maintenir la pression sur le gouvernement

Moins nombreux, mais pas moins déterminés, à l'image de Sandrine Coudriaud, aide-soignante alsacienne, venue réclamer "un salaire juste pour les guerrières que nous sommes, envoyées au front sans protection" pendant l'épidémie de Covid-19.

"On veut surtout des moyens pour bien faire notre métier", a insisté Mylène Rigaud, manipulatrice radio auvergnate, qui "ne veut pas avoir à choisir entre un patient qui est en train de mourir dans le couloir et celui qui est sans surveillance dans un box".

Le Ségur de la santé, lancé fin mai pour concrétiser le "plan massif d'investissement et de revalorisation" promis par Emmanuel Macron, était censé répondre à ces revendications.

Mais les enveloppes proposées par le ministre de la Santé Olivier Véran (300 millions pour les médecins hospitaliers, 6 milliards pour les personnels non médicaux), sont très loin des espoirs soulevés par cette vaste concertation.

Pour le lyonnais Stéphane, aide-soignant en cancérologie "six milliards, c'est pas assez, quand on voit ce qu'ils injectent dans l'aéronautique par exemple, alors que la santé n'a pas de prix".

Dans le même cortège, Nadia, brancardière, affirme que "les plans pour l'hôpital public, c'est toujours des promesses, mais si on en est là aujourd'hui, c'est qu'elles n'ont jamais été tenues, et le Ségur c'est une fumisterie de plus".

Les soignants redescendent dans la rue pour maintenir la pression sur le gouvernement

Tous ont en mémoire les précédentes annonces du gouvernement, qui n'ont pas enrayé un mouvement social entamé au printemps 2019.

"Ça fait plus d'un an que le personnel soignant manifeste", a rappelé Philippe Martinez, présent au départ de la manifestation parisienne.

Le leader de la CGT a souhaité "des actes à la hauteur des remerciements" durant la crise sanitaire, en premier lieu "des sous pour le personnel soignant, beaucoup plus que ce qui a été annoncé".

"Le compte n'y est pas", a confirmé son homologue de Force ouvrière, Yves Veyrier, qui considère qu'"on est sur un point de départ, la négociation a démarré".

Mais le temps est compté car le Ségur de la santé doit s'achever vendredi, par une ultime réunion sous l'égide de l'ancienne dirigeante de la CFDT, Nicole Notat. Le chef de l'État pourrait ensuite annoncer lui-même ses arbitrages la semaine prochaine.

Interrogé sur une possible rallonge budgétaire, le ministre des Finances Bruno Le Maire a assuré mardi que "le gouvernement" serait "au rendez-vous", sans toutefois avancer de chiffre. "Nous ferons ce qu'il faudra pour les personnels soignants", a-t-il déclaré.

Les attentes sont toutefois très élevées : rien que pour l'augmentation générale de 300 euros net par mois revendiquée par tous les syndicats, il en coûterait près de 7 milliards, selon le secrétaire général de FO-Santé, Didier Birig.

Sans compter la situation des "internes et jeunes médecins qui sont rétribués de façon indécente, ni le différentiel entre les salaires du public et du privé", souligne le Collectif Inter-Hôpitaux.

La CGT regrette pour sa part que "la question des recrutements de personnels" ne soit "pas abordée" dans le cadre du "Ségur".

Le gouvernement s'est en revanche engagé à débloquer des moyens pour l'investissement, en plus de la reprise déjà programmée d'un tiers de la dette hospitalière par la Sécu. Reste à connaître le montant de cette enveloppe budgétaire.